- Théâtre contemporain
- Comédie Française
- Paris 1er
La Tragédie d'Hamlet

- Gilles David
- Elliot Jenicot
- Jennifer Decker
- Hervé Pierre
- Laurent Natrella
- Jérôme Pouly
- Clotilde de Bayser
- Denis Podalydès
- Alain Lenglet
- Éric Ruf
- Benjamin Lavernhe
- Comédie Française
- Place Colette
- 75001 Paris
- Palais Royal (l.1, l.7)
Sur les remparts d’Elseneur, les soldats de garde redoutent l’apparition d’un spectre que la forteresse ne suffit pas à arrêter.
Le fantôme du roi du Danemark révèle à son fils, Hamlet, qu’il est mort de la main de son propre frère, Claudius. Ce dernier a peu après épousé Gertrude, veuve du roi et mère d’Hamlet.
La pourriture morale de la Cour éclate à l’occasion d’une représentation théâtrale orchestrée par Hamlet comme un miroir de la scélératesse du couple royal, prélude à sa vengeance. La tragédie emporte alors les protagonistes dans une spirale mortelle.
Hamlet est une pièce de William Shakespeare, jouée pour la première fois en 1601. Cette adaptation de Dan Jemmet transpose ce chef d'oeuvre dans un univers DISCO d'un goût discutable.
La critique de Phane (rédac' AuBalcon) : 6/10. Hamlet dans un pub… On n’y avait jamais pensé ! Et c’est pourtant le choix risqué mais intéressant du metteur en scène, Dan Jemmett : il va jusqu’au bout de sa pensée, n’hésitant pas à saccager les moments les plus poétiques de la pièce (on peut penser à la mort d’Ophélia, noyée dans les toilettes) en faisant évoluer ses personnages dans un univers médiocre, voire vulgaire, des années soixante dix.
Tous sont touchés par la bassesse du lieu, et certains personnages relèvent presque du grotesque : le roi Claudius par exemple, homme corrompu, bas, dont toutes les pensées se situent en dessous de la ceinture. Ou encore la reine, pitoyable de bêtise et objet de tous les désirs.
Au milieu de cette atmosphère, seul Hamlet (campé par un génial Denis Podalydès) est complètement en décalé, hors de tout temps, restant fidèle à la pièce en quelque sorte. Et c’est peut être le personnage qui nous semble le plus proche : son questionnement et ses doutes nous touchent tous, quelque soit l’époque, les mœurs, la mise en scène. Le caractère à la fois unique et universel de ce personnage d’Hamlet, est peut être le choix le plus réussi de cette représentation, avec son aspect méta-théâtral. En effet, on revient sans cesse sur la question du théâtre : la mise en abîme théâtrale marquée sur le plateau par l’estrade et le rideau rouge, l’éternelle interrogation sur le jeu théâtral (Hamlet joue-t-il ou non sa folie tout au long de la pièce ?), les doubles sens de chaque réplique mis en avant, et les multiples adresses au public. Le metteur en scène a choisi de mettre tous ses aspects là de la pièce en avant, ce qui est une bonne décision, je trouve.
Néanmoins, même si la mise en scène est bien menée jusqu’au bout, presque sans longueur, ce choix de la trivialité occulte toute une partie de la pièce. Certes, Shakespeare met de la bouffonnerie dans ses tragédies, il y met également de la vulgarité. Mais cela reste des tragédies, et le mélange des tons n’est pas si tranché. Ce parti pris de Dan Jemmett est pour moi trop extrême et plusieurs moments m’ont dérangé : l’utilisation excessive de la musique disco par exemple, la folie lubrique d’Ophélie, mais je pense que c’est surtout la fin, qui m’a fait l’effet d’une énorme farce, lorsque les personnages meurent dans la plus parfaite absurdité et se relèvent ensuite comme si de rien n’était.
Ce n’est plus la désacralisation d’une pièce mythique, cela devient presque sa mise à mort en tant qu’œuvre poétique.
La plus belle pièce jamais écrite, malmenée avec autant d'audace, de décalage, de second degré aussi. Dan Jemmet m'a totalement conquis. J'aime cette vision de la pièce, si énergique, si vivante. J'aime ces acteurs qui se prêtent avec autant de plaisir. Le génial Hervé Pierre. Gilles David, Elliot Jenicot (quelle prestation), Clotilde de Bayser, Sebastien Poudecroux, Benjamin Lavernhe, Jérome Pouly, Jennfier Decker et au pied levé Loic Corbery brochure en main dans la version que j'ai vue. Un pur plaisir. J'aime quand on prend des libertés sur Shakespeare, même les plus douteuses. Et bien sûr, Denis Podalydes, tellement bon, malgré la différence d'age évidente avec le rôle. Mais peu importe, et c'est ce que je retiens de cette version.
Tout est permis. Rien n'est tabou. Shakespeare se prête à tout. J'adore cette version !
Rien à faire.
Je suis allé voir la reprise, histoire de confronter mon point de vue à celui de l'an dernier...
C'est toujours non.
Transposer une pièce, oui.
La vider de son sens ? Pas d'accord !
Quand Podalydes s'avance et balance la question ultime, son "Etre ou n'être pas", (c'est la traduction retenue...), la moitié de la salle rit, notamment les jeunes lycéens au Paradis...
Contresens, vous dis-je....
Dan Jemmett, s'est bel et bien planté.
Espérons que Shakespeare sera beaucoup mieux servi par le patron Eric Ruf, la saison prochaine, avec sa version de Roméo et Juliette....
Si le parti pris de mise en scène n'a visiblement pas convaincu une grande majorité de critiques, c'est en toute ignorance que je suis allé voir cette pièce au moment de sa création. Et je dois bien avouer que j'y allais à reculons. La peur de me retrouver devant une pièce de musée - et dieu sait que le théâtre parisien les aime bien celles là - , j'ai été très agréablement surpris. J'ai adoré la désacralisation d'une telle institution qu'est Shakespeare, surtout venant de la comédie française - cette autre grande institution -, et surtout venant d'un metteur en scène anglais. Je dois admettre que j'ai beaucoup apprécié ce doigt d'honneur, et cette joyeuse propension de vouloir choquer le bourgeois en tuant les personnages de Shakespeare sur du Bonney M. Certes, il n'y a pas d'ampleur dans cette interprétation de l'œuvre, puisque tout y est réduit à une histoire d'ivrognes dans un bar.
Pourtant, les fulgurances théâtrales ne manquent pas, comme ce moment où l'on creuse la scène pour en sortir de la terre, ou lorsqu'un personnage meurt, échoué sur un jukebox, et qu'une musique disco démarre créant alors une tension paradoxale.
Des exemples comme ceux ci, il y en a d'autre, et sans parler des comédiens (qui sont tout bonnement excellents), j'ai personnellement beaucoup apprécié ce joyeux foutoir/lâché prise. Après, il est vrai que les puristes n'apprécieront pas, et qu'on peut être facilement exécré par la dimension "foutage de gueule" de cette mise en scène.
En ce qui me concerne, je me tâte d'y retourner, puisque ça m'a beaucoup fait rire somme toute. Était-ce voulu ? Ça, c'est une autre question.
Je mets 3 pour ces Comédiens-Français qui nous prouvent une nouvelle fois leur talent en transformant un massacre total en un semi-massacre, grâce à un jeu toujours de qualité.
Cependant, lorsque Hamlet clame que "Ces pitreries obligées sont à la limite de [ses] forces", le texte résonne à double sens. On aurait aimé n'en entendre qu'un. La Comédie-Française nous déçoit profondément, une fois de plus. Combien d'autres atteintes aux plus grandes oeuvres jamais écrites devra-t-on subir ? FUYEZ !