- Théâtre contemporain
- Théâtre des Bouffes du Nord
- Paris 10ème
La mort de Tintagiles

- Clara Noël
- Christophe Coin
- Adrien Gamba Gontard
- Garth Knox
- Leslie Menu
- Théâtre des Bouffes du Nord
- 37 bis, boulevard de la Chapelle
- 75010 Paris
Comment habiter ce parage sans couleur ni contour, mettre sur le théâtre ce qui le fuit tout en l'appelant ?
La Reine veut Tintagiles et finira par l'arracher à Ygraine, dont la résistance, le courage et la force ne suffiront pas pour sauver l'enfant. Sitôt qu'on cesse d'imaginer ce qu'on lit, qu'on cherche à voir au lieu d'entrevoir, qu'on tâche de l'édifier - ne serait-ce que mentalement - sur une scène, d'en dresser la représentation concrète, on sait bien que cela même auquel on veut donner corps, se dérobe et disparaît. C'est le mystère Maeterlinck.
Et pourtant tout est simple, tout est court, n'avance pas plus loin qu'au bord d'un abîme tout proche, que l'on se refuse à qualifier, la mort, le néant, ou la vie. Comment habiter ce parage sans couleur ni contour, mettre sur le théâtre ce qui le fuit tout en l'appelant ? Denis Podalydès
La critique de Phane (rédaction AuBalcon) : « Le petit tombé dans la vallée »
Cette petite phrase, tirée du poème de Mallarmé écrit après la mort de son fils, pourrait être le résumé de La mort de Tintagiles. La pièce ressemble presque à un conte : un enfant enlevé par une vieille reine qu’on ne voit jamais, un pays imaginaire avec un grand château sombre, une atmosphère moyenâgeuse, et tout cela rythmé par une musique mystérieuse.
Pourtant c’est bien de la mort d’un enfant, « d’un si petit être », dont on parle : dès le début de la pièce on a l’impression d’être enfermé dans une tombe, la scène est entièrement plongée dans le noir hormis quelques sources de lumières faibles, les voix semblent résonner comme dans une cave. La marionnette utilisée pour jouer Tintagiles annonce son inéluctable mort, puisque son corps n’est pas animé, il n’a pas d’ « âme ».
J’ai beaucoup aimé cette pièce, les acteurs (surtout celle qui joue Ygraine, la sœur de Tintagiles) sont d’une profonde justesse. Un rythme lent, une mise en scène à la fois angoissante et très belle, très épurée, notamment grâce à la musique qui l’accompagne.
La mort de Tintagiles est à l’image du poème de Mallarmé qui précède la pièce : poétique mais infiniment triste. La souffrance qui se dégage de la scène finit par étreindre le spectateur : âmes sensibles s’abstenir.