La Louve

- Adrien Melin
- Maud Baecker
- Béatrice Agenin
- Coralie Audret
- Gaël Giraudeau
- Yvan Garouel
- Patrick Raynal
En 1515, l'année de son couronnement, comment les folies amoureuses de François 1er ont failli lui coûter le trône de France.
Et ce malgré la féroce vigilance de la Louve, sa mère.
Une comédie malicieuse et bouillonnante où s'entremêlent les chausses trappes des allées du pouvoir et les intérêts personnels.
Daniel Colas était l'auteur d'une autre pièce historique, Un certain Charles Spencer Chaplin, jouée la saison dernière au Théâtre Montparnasse.
Béatrice Agenin et Adrien Melin jouaient déjà tous les deux dans Un Certain Charles Spencer Chaplin.
La critique de la rédaction : 7/10. Une pièce distrayante basée sur une partie de l’Histoire de France peu connue. Musique et jolis costumes nous transportent au XVIème siècle pour nous faire revivre des faits entièrement véridiques.
Nous découvrons les coulisses de l’accession au pouvoir de François Ier et le rôle crucial de sa mère. Les dialogues portent essentiellement sur la succession de Louis XII, inquiet de ne pas avoir de fils. La Reine Marie parviendra-t-elle à tomber enceinte avant qu'il s’éteigne ?
François Ier n'était initialement que le second choix. Il est ici décrit comme volage, un véritable obsédé sexuel. Il demande à ce qu'on lui touche le sexe pour vérifier s'il est bien dur ou s'il devient mou, dit vouloir prendre la Reine dans les fourrés. Ce n'est pas toujours très fin.
La Louve, sa mère tire les ficelles en véritable gestionnaire de carrière assoiffée de pouvoir. L’intrigue et les enjeux sont forts, c'est captivant, intéressant, parfois trop bavard. Nous comprenons l’enjeu des scènes mais elles s’éternisent ou se répètent. La Louve dure 2h20, elle aurait gagné à être écourtée de 45 minutes.
Un bon moment au Théâtre La Bruyère.
Les costumes de Jean Daniel Vuillermoz sont encore une fois magnifiques.
Côté décor Il n'y a qu'un miroir...
Une mise en scène sobre, un décor à l'avenant, et un texte ciselé, regorgeant de pépites croustillantes. Les deux heures passent comme un rien, dans le rythme effréné des confrontations, des manigances, des séductions entre les protagonistes. De la grivoiserie, aussi, bien sûr !
On apprend sur les coulisses de l'Histoire autant que l'on rit. Et on se demande quel est le degré de liberté pris par M. Colas dans sa narration des faits...!
C'est surtout l'excellente distribution qu'il faut retenir de cette pièce : des comédiens à qui ces rôles vont comme un paire de gants, élégants et justes. Un coup de coeur particulier pour Patrick Raynal, bouleversant, Béatrice Agenin, impressionnante, et Maud Baecker, méconnaissable dans ce rôle au physique ingrat (si éloigné de la blonde superbe qu'elle est en réalité).
C'est aussi l'occasion de retrouver Béatrice Agenin, dans le rôle principal (la Louve c'est elle) et quand on l'a vu dans la pièce Virginia Wolf au côté de JP Cassel comme moi, on n'a qu'une envie c'est de la retrouver dans d'autres rôles tout aussi forts. Cette pièce lui en offre l'occasion et c'est tant mieux pour le spectateur. Nous étions placés au deuxième rang et avons été séduits par les lumières et ce travail sur l'obscurité, qui sied parfaitement à la pièce. Idem pour les costumes qui sont très travaillés. Le reste de la troupe est parfait, aucune fausse note. Mention spéciale à Gaël Girafeau, plein de fougue, tant et si bien qu'à un moment de la pièce, il a raté sa sortie et a pris un mur en pleine face, sans jamais perdre de sa superbe. Il est totalement investi dans ce rôle et les démons de François 1er, jeune, sont ici bien mis en lumière.
Patrick Raynal, qui ouvre la pièce, avec un monologue très bien interprété est également impressionnant de justesse. Nous sommes ressortis ravis et à en voir les applaudissements de la salle, qui était pleine, le succès de cette pièce est au rendez-vous. Amplement mérité. Les dialogues sont écrits en vieux français et ces Oui-da qui ponctuent les échanges entre François 1er et son épouse ne heurtent à aucun moment les oreilles. On est captivé par le sujet et on assiste au destin du jeune François 1er et à son accession au pouvoir, avec l'appui de sa mère qui tire les ficelles par derrière. Excellent. Je recommande.
Le texte décrit avec précision la combinaison de l’amour de cette femme pour son enfant avec la passion du pouvoir qu’elle a toujours eu et n’a jamais cessé d’exercer. De négociations en conciliabules, se jouant et déjouant les intrigues amoureuses ou stratégiques, nous la voyons déchainer une ardente et perfide violence face au risque de perdre et devant le désir de vaincre. Une mère intraitable, une guerrière redoutable et une femme de l’ombre.
Le récit habilement théâtralisé donne à l'ensemble un ton savoureux de comédie. La pièce est truffée de pointes d’ironie et de malice, notamment là où les situations conduisent les personnages sur les chemins de la paillardise ou de l’incongruité comme sur ceux des excès du pouvoir ou de la bêtise. Les répliques troussées de raillerie et tournées avec un élégant esprit font jaillir à point nommé les sourires et les rires.
La mise en scène réussit le tour de force de nous faire vivre cette histoire aux accents épiques sans artifices inutiles. Un décor épuré et réduit à trois chandeliers, un fauteuil, un grand miroir en fond de scène et de magnifiques costumes. C’est sans aucune difficulté que nous imaginons les lieux et les ambiances, les tensions et les désirs, les troubles et les émotions. Impressionnant.
Il fallait une grande comédienne pour jouer La Louve. Nous n’avons rien moins que la majestueuse Béatrice Agenin. Splendide et convaincante, elle habite Louise de Savoie, elle est cette femme politique d’exception, pleine d’orgueil et sans regret, d’une implacable volonté. Tous les comédiens brillent de leurs éclats : Coralie Audret, Maud Baecker, Yvan Garouel, Gaël Giraudeau, Adrien Melin et l'éblouissant Patrick Raynal. Nous nous laissons prendre par l’histoire qui nous est contée et la vie de leurs personnages au gré de leurs jeux sincères et intenses. Du bel ouvrage.
Un spectacle historique, intéressant, drôle et très bien joué. À voir sans hésiter.
On l'associe sans doute aussi à l'ascension de François 1er en ouvrant la période flamboyante de la Renaissance. Une fois dit cela il est probable que ce soit le trou noir pour la plupart des français.
Les amateurs de cuisine savent peut-être aussi que c'est l'époque où on a introduit l'usage de la fourchette à la Cour. On mangeait jusque là avec les doigts ou une cuillère. Pour en finir avec la cuisine, je vous apprendrai peut-être que c'est à la Reine Claude (l'épouse de François 1er) que l'on doit de pouvoir déguster ces fameuses prunes vertes auxquelles elle a donné son nom.
Ce spectacle n'est pas un cours d'histoire et pourtant on retient qu'il s'en est fallu de peu pour le trône de France échappe à François qui à force de séduire toutes les femmes de son entourage aurait pu se faire rafler le trône par son propre fils ... s'il avait séduit la Reine Marie, très jeune épousée de Louis XII. Sa mère Louise, à qui le surnom de Louve va comme un gant, avait une ambition sans borne et elle a veillé personnellement à contrôler les passions amoureuses de son fils afin que ses plans ne soient pas contrariés.
C'est sa personnalité qui a inspiré Daniel Colas. Il a écrit une pièce juste sur le plan historique mais très drôle, par la vitalité des dialogues, et par une mise en scène juste appuyée. L'auteur n'en est pas à son coup d'essai : il avait l'an dernier proposé une autre pièce historique, Un certain Charles Spencer Chaplin, qui fut jouée la saison dernière au Théâtre Montparnasse, avec dans la distribution Béatrice Agenin et Adrien Melin que l'on retrouve pour la Louve.
L'intrigue est très claire est fort amusante malgré un comique de répétition dont est victime le conseiller secrètement amoureux de Louise de Savoie, malmené par François 1er. Yvan Garouel assume néanmoins le rôle avec drôlerie. Et voir se déhancher Maud Baecker pour mimer la boiterie de la Reine Claude n'est pas du meilleur effet. Pas plus que l'idée du miroir en toile de fond pour symboliser le reflet des désirs et des passions. Jean Haas nous a habitué à plus de créativité.
Une fois ces bémols entendus on peut se satisfaire de l'excellence de jeu des acteurs et se laisser porter par des dialogues fort bien écrits, respectueux de la vérité historique mais intelligemment distrayants.
L’Histoire a retenu de François Ier une jeunesse impétueuse et gouvernée par les sens charnels. Un Dom Juan vigoureux et insatiable. Daniel Colas a concentré l’intrigue de La Louve sur ce moment de bascule décisif : celui où le futur roi de France s’empare du trône à la suite d’un concours d’heureuses circonstances et de l’intelligence sans faille de sa mère. Sur le papier, l’idée est alléchante ; sur scène, on déchante. Dans ses notes d’intention, l’auteur-metteur souligne l’alternance de propos parfois légers, parfois « graves ». Rectification : La Louve se résume à 90% de blagues sexuelles pénibles dignes du pire Bigard (si au bout de ces deux heures trente on n’a pas compris que le plus grand roi de la Renaissance bande comme un âne…). On reste un peu sans voix devant tant de balourdise. Le problème majeur provient de cette absence de concordance entre une visée clairement politique (comment accéder au pouvoir alors que l’on n’est pas la premier dans la succession ?) et une tonalité « comique » omniprésente qui vient balayer les enjeux pourtant majeurs du texte.
Femmes déchirées
Les femmes ont un statut spécial ici : elles sont soit victimes de la goujaterie cruelle des hommes à l’instar de la pauvre reine Claude (touchante Maud Baecker) boiteuse et laide mais dévouée ou de la reine Marie (lumineuse Coralie Audret), folle amoureuse de son amant Suffolk (Adrien Melin, si fougueux) mais prisonnière de son mari Louis XII, impuissant et débile. Louise de Savoie, la fameuse Louve, tire les ficelles avec humour et ambition, fermeté et hypocrisie. C’est le personnage le plus abouti et il faut avouer que Béatrice Agenin nage comme une anguille dans l’eau dans ce marécage rempli de flatteurs. Elle concentre les regards et le pauvre Gaël Giraudeau passe à la trappe, énervant queutard (mais le rôle est écrit ainsi). Il est si mal exploité ! Quel dommage.
Niveau scénographie, minimum syndical. On hésite entre le kitsch (intermèdes musicaux dignes d’un Era de supermarché) et l’ambiance d’alcôve avec les chandelles. L’accent est davantage porté sur les beaux costumes d’époque de Jean-Daniel Vuillermoz, qui suffisent à planter le décor.
En somme, cette Louve manque de sanglant. Faute de trancher entre caricature assumée et historisation théâtrale, Daniel Colas livre une pièce brinquebalante qui gère mal ses tournants dramatiques au profit d’un surlignage comique outrancier.