- Théâtre contemporain
- Théâtre Libre
- Paris 10ème
L'être ou pas

- Daniel Russo
- Pierre Arditi
- Théâtre Libre
- 4, boulevard de Strasbourg
- 75010 Paris
- Strasbourg Saint-Denis (l.4, l.8, l.9)
Dans la cage d’escalier d’un bel immeuble, deux voisins jusqu’alors anonymes l’un pour l’autre se croisent. Le premier accoste le second ; il agit sous les ordres de sa femme, dont internet est la seule religion.
« Vous êtes juif ? ». Et voilà que cette question étrange, peu anodine, ouvre les vannes d’une avalanche d'autres questions qui cherchent à élucider ce qu’est un juif.
Ces interrogations n'en finissent pas parce que le bout de la question est impossible à atteindre...
Jusqu’où son mari inquisiteur osera-t-il aller ? Jusqu’où l’interrogé ira-t-il ?
On dit qu’il y aurait 8 612 façons de se dire juif… Mais comme la pièce de Jean-Claude Grumberg ne dure pas l’éternité on a juste le temps d’en poser quelques-unes, histoire d’en rire, même jaune!
'L'être ou pas' s'appelait auparavant 'Pour en finir avec la question juive' mais a été rebaptisée par précaution à cause de l'actualité de janvier 2015, non propice à un tel titre de pièce.
Daniel Russo est un comédien de 66 ans. Vous l’avez peut être vu dans 'Hollywood' ou 'Hier est un autre jour !'.
Pierre Arditi est un comédien de 70 ans. Il a récemment joué dans 'Moi je crois pas !' du même auteur, 'La Vérité' et 'Comme s'il en pleuvait'.
Jean-Claude Grumberg est un écrivain de 74 ans récompensé par 6 Molières au cours de sa carrière (3 Molières de l’auteur, 2 Molières de l’adaptateur et un Molière de la meilleure pièce du répertoire).
Pour ses rôles dans Sans Rancune et L'Etre ou Pas, Daniel Russo a été récompensé du Triomphe AuBalcon du bourreau de travail.
Pour son décor de L'Etre ou Pas, Vincent Tordjman a été récompensé du Triomphe AuBalcon du plus joli décor (2015) : Notre interview de l'artiste.
La critique de la rédaction : 7.5/10. Nous avons passé un très bon moment grâce à un superbe texte et deux acteurs exceptionnels.
Le juif (Pierre Arditi) croise régulièrement le catholique (Daniel Russo) dans les escaliers. Une relation cordiale nait entre eux. Ils échangent sur la religion et la culture juive, comment on l’est ou on le devient : « Est juif celui qui ne nie pas qu'il l'est, quand il l'est. »
Dans un cadre plus proche de l'oeuvre d'art que du décor de théâtre, ces questions sont traitées avec beaucoup de dérision. L’omniprésence d’internet comme source d’information contestée et contestable est également très bien moquée dans la pièce.
Nous passons notre temps à rire grâce à des dialogues intelligents, un humour très fin. Même sur des thématiques abordées dans une multitude de pièces de théâtre, de nombreuses répliques savoureuses nous surprennent.
Daniel Russo excelle. Il joue à la perfection l’homme un peu naïf, idiot, qui ne jure que par ce que lui raconte sa femme. Pierre Arditi, qui tient le rôle du juif « lambda » du XXIème siècle, est plus sur la réserve, souvent abasourdi par l’absurdité des questions du premier.
Nous -qui sommes catholiques- sortons avec une définition longue et beaucoup plus large de ce que signifie être juif qu’en pénétrant dans le Théâtre Antoine. 'L’être ou pas' ne parle quasiment que du judaïsme mais toutes les sensibilités se sentiront concernées. Que nous soyons pratiquants ou non, elle nous invite à assumer nos origines religieuses et nous livre un beau message d’ouverture d’esprit.
Voilà une pièce où tout se passe au pied d’un escalier dans un immeuble entre deux voisins qui se disaient ‘bonjour-bonsoir’ sans plus, jusqu’au jour où le premier (un Daniel Russo connaissant des ‘choses’ grâce à sa femme qui elle-même sait grâce à Internet) demande au second (Pierre Arditi tout en réserve) s’il est juif… Oui il l’est mais il est athée.. ?! Ah ça va générer des questions !
Il y aura 9 rencontres dans cet escalier où nous allons découvrir ce que c’est ‘d’être juif’. Nous allons apprécier l’humour et la finesse de ces dialogues écrits par Jean-Claude Grumberg. Les échanges sont souvent désopilants grâce aux questions un peu naïves de Daniel Russo et les réponses plutôt second degré de Pierre Arditi qui reste abasourdi par certaines demandes.
L’ensemble est un peu court, c’est dommage car on s’intéresse aux différentes conversations de ces deux-là.
Décor sculptural, entre tour de Babel et cage d'escalier. Une cage d'escalier et une conversation sur le fil des marches. Un beau texte, un fond des plus actuels (le fond blanc d'internet dépeuplant la bibliothèque du monde et embrouillant toutes les valeurs de l'Histoire, le Web comme Sodome et Gomorrhe, comme une terre impromise du chaos des cultures).
Deux personnages assez bonhommes, le jeu du langage et des opinions, l'ironie de l'histoire. Mais finalement apologie du dialogue et des convictions. Parler est utile pour sauver la raison et permettre de pactiser et de vivre ensemble, même si chacun au fond suit sa route plus ou moins tracée.
Une pièce utile et réussie. Interprètes évidemment au top.
Une excellente soirée, un peu trop courte pour des gens qui viennent de loin. Les acteurs au top servent un magnifique texte.