- Théâtre contemporain
- Théâtre 71 Malakoff
- Malakoff
Eau et Forêts
Derrière ses grosses lunettes, la réputée austère Marguerite Duras pose un regard ironique, à la fois bienveillant et lucide sur une humanité loufoque et poignante et s’amuse à être là où on ne l’attend pas.
Une espèce d’En attendant Godot au féminin qui devrait réconcilier les réfractaires à la prose durassienne et agiter les zygomatiques. Sur un trottoir, un homme se fait mordre par un chien.
L’homme, très énervé, s’en prend à la propriétaire du roquet. Une autre femme s’en mêle et c’est l’altercation ! L’anecdotique prend des proportions titanesques avec des personnages haut perchés, interprétés par un trio brillant et truculent. Non-sens, cruauté, éclats de rire et délires dialoguent en fausse légèreté : l’inquiétude et l’absurde ne sont jamais loin.
À y regarder de plus près, derrière le banal fait divers c’est l’évocation d’un Paris contaminé par la rage. Le rire apparaît sans doute ici comme l’expression parfaite de ce « gai désespoir » auquel l’auteure a tant aspiré.