- Théâtre contemporain
- Théâtre des Mathurins
- Paris 8ème
Dali

- Christophe Gauzeran
- Philippe Kieffer
- Théâtre des Mathurins
- 36, rue des Mathurins
- 75008 Paris
- Havre-Caumartin (l.3, l.7, l.8, l.9, RER A et E)
Une rencontre unique avec l'exagéré et savant, l'excentrique et brillant, le fou et génial, l'incomparable et divin... Salvador Dali !
Sur Scène, Dali alterne provocations spectaculaires et propos intimes, profonds. Il attaque avec violence et une certaine dose de joyeuse mauvaise foi certains peintres reconnus pour mieux mettre en valeur sa conception de l'art. Il jouera le fou, le clown, le provocateur, l'excentrique, le détestable, le ridicule. Dali joue Dali, ce qui ne l'empêche pas d'être vrai, profond et sensible.
Il défend, au-delà de ses provocations régulières, de son excentricité légendaire érigée en système, une rigueur artistique absolue. C'est un artiste qui va faire de sa vie une mise en scène perpétuelle et se fabriquer un personnage de toute pièce. Mais au-delà des apparences, le spectacle nous révèle un Dali innatendu : subtil, sensible, intelligent et plein d'humour...
Un décor sobre. Une chaise, une table, un immense tableau permettant de projeter peintures et vidéos et un fauteuil. C’est un peu comme si les mobiliers choisis ne devaient pas faire d’ombre au génie fantasque du maître. La même impression domine lorsque la personne lui donnant la réplique apparaît. Tantôt intervieweur, tantôt personnage historique, vêtu de sombre, elle relégué en bord de scène et disposant d’une simple chaise et table en bois. Une modestie qui contraste avec le « trône » servant au peintre. De là à y voir un affrontement entre la raison et la folie, il n’y a qu’un pas que je laisserai chacun libre de franchir … ou pas.
Au-delà d’un « biopic scénique », c’est un entretien auquel le spectateur est convié. Un entretien sans retenue, sans tabou. Dali y évoque pêle-mêle son admiration pour Raphaël, son mépris pour l’ordre établi, sa vision de la peinture. Le tout avec outrance et exagération.
« Ma devise a été que l’on parle de Dali même si on en parle en bien ».
Parfait, puisque pour ma part, j’ai beaucoup aimé ce spectacle. Drôle, hors-norme, inqualifiable, jamais le temps ne m’a paru si court.
Dans le rôle de Dali, Philippe Kieffer. Prestation magistrale qui adopte le physique, la voix et les mimiques du peintre. C’est bluffant. Laissant trainer mon regard vers lui au cours d’une séquence vidéo, et alors même qu’aucun projecteur ne l’éclaire, le comédien conserve son rôle en adoptant une gestuelle particulièrement travaillée (que certainement Dali aurait pu avoir) pour se servir à boire. Impressionnant !
Christophe Gauzeran, quant à lui, incarne un rôle tout en sobriété, comme un contrepoids rationnel au délire verbal de Dali. Bien joué.
Un beau spectacle, bien écrit et joliment interprété.
Salvador Dali est un sacré personnage, égocentrique à souhait. D’ailleurs, quelques personnes âgées discutants avant d’entrer dans la salle étaient ravies d’aller passer une soirée en compagnie du personnage car elles allaient bien rigoler. J’espère que la déception n’a pas été trop grande. Car même si les éléments évoqués comme sa peinture, ses amours « O Gala » et ses amis/ennemis comme Picasso, Lorca, Breton… sont assez intéressants et peuvent prêter à sourire, il manque du rythme. Où est l’énergie incroyable de cet excentrique à deux pattes ? Les longueurs se font ressentir. L’écran en fond où se projette parfois des extraits de vidéo ou des peintures contribue à cette impression de lenteur. Les effets type WordArt pour vidéo donnent moins de crédit à cette hypothétique rencontre. L’accent catalan de Philippe Kieffer (alias Dalí) n’est pas très agréable à l’oreille. Puis on s’y fait car il met beaucoup de conviction dans son personnage. La moustache et les costumes permettent vraiment de fondre comédien/peintre. Mais cela ne fait pas tout.
Un spectacle avec beaucoup de potentiel qui au final m’a déçu. Une lenteur qui casse l’image d’un Dalí énergique et fou. Le temps semble se ralentir comme si nous étions plongés et coincé dans une vidéo au ralenti. Dommage.
A travers cet entretien débridé (et qui peut paraître vraiment sans queue ni tête si on n'est pas assez attentif), l'auteur de la pièce Christophe Gauzeran, nous donne les clés de ce personnage hors norme. L'homme est fier, excentrique et passionné mais aussi plein de contradictions. Il a un charisme indéniable et on a envie d'essayer de le comprendre (l'explication de l'origine du tableau des montres molles est un must).
Philippe Kieffer effectue la prouesse de faire revivre Dali sur scène c'est remarquable ! Il lui ressemble beaucoup (le travail de maquillage est bluffant) et bien sur la gestuelle est très travaillée, c'est vraiment réussi. Les costumes aussi semblent tirés de la garde robe du Maitre.
Christophe Gauzeran, joue le rôle du journaliste qui pose les questions pour permettre à l'artiste de nous exposer ses théorie sur l'art contemporrain (j'avoue, j'adhère à son propos !) entre autres. Il permet de relancer les explications.
Toutefois, le texte ne fait pas le choix du fil conducteur entre peinture ou faits connus de la vie du peintre au risque d'apparaitre comme une liste de sujets à traiter. Cela manque un peu de liaisons. La partie Lorca tombe ainsi sans trop de détails comme s'il fallait absolument en parler. Il en va de même pour Gala.
Cependant, l'ensemble reste bien homogène et est intéressant.
Dommage que la mise en scène soit si figée avec le journaliste d'un côté et l'artiste de l'autre.
A voir pour l'imitation. Un moment plaisant.