- Théâtre contemporain
- Espace Cardin
- Paris 8ème
C'est la Vie

- Espace Cardin
- 1, avenue Gabriel
- 75008 Paris
Avec bienveillance et humour, deux histoires intimes, un acte de partage, donc un acte de théâtre
« C’est la vie » : curieuse expression, ici reprise en titre du spectacle de Mohamed El Khatib, pour parler avec délicatesse de la mort qui survient. La mort s’inscrit certes dans le cycle de la vie, mais n’y a-t-il pas quelque insupportable injustice lorsque la Faucheuse vient ôter la vie d’un enfant ?
Un tel deuil est, pour l’auteur-metteur en scène, « un territoire abandonné par la langue ». Après finir en beauté, où il évoquait sa propre mère, il réunit deux acteurs, Fanny Catel et Daniel Kenigsberg, qui ont été confrontés au même moment (janvier 2014) à la perte d’un enfant. « Pour moi, confie Mohamed El Khatib, ils n’étaient dès lors plus des acteurs, mais des personnes dotées d’une qualité nouvelle et peu répandue, celles qui savent avec une acuité rare combien il y a un AVANT et un APRÈS. »
Un spectacle qualifié de « performance documentaire » : « le document à partir duquel nous avons créé cet acte de partage, constitue l’essence même de ce qui va fonder la représentation. »
Alors oui, on peut trouver que les moments où les comédiens interagissent sont un brin artificiels, mais pourtant essentiels à faire respirer la parole de l’un et de l’autre autour du drame qu’ils ont chacun vécu. D’ailleurs les écrans vidéos viendront les soutenir et alléger leur peine. L’humour y est également très présent, par le truchement des histoires juives racontées avec appétit par David Kenigsberg.
La jauge des spectateurs est réduite, nous sommes au plus près. Le soir où j’ai assisté à la représentation, celle-ci était traduite en langages des signes, ce qui me fait écrire que cela devrait être toujours le cas, tellement ça apporte de la poésie (même si ce n’est pas le but recherché, de toute évidence). Et comme pour « Finir en beauté », les acteurs ne viendront pas saluer mais seront présents à la sortie. Et comme pour « Finir en beauté », je prononçai du bout des lèvres un timide « merci ». L’émotion est là, car la sincérité de Mohamed El Khatib est toujours présente, même dans ses petits arrangements avec les morts, finalement indispensables.