Celle qui regarde le monde

Celle qui regarde le monde
De Alexandra Badea
  • Les Plateaux Sauvages
  • 5 Rue des Plâtrières
  • 75020 Paris
  • Ménilmontant (l.2)
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Déa vit dans le nord de la France où elle rencontre un jour Enis, un mineur isolé. Les deux adolescent·e·s se dévoilent l’un·e à l’autre, chacun·e évoquant un bout de son histoire, de ses rêves et de ses peurs. Enis a fait un long périple pour arriver en France. Il s’est séparé de sa mère en Grèce et a déposé une demande de droit d’asile pour mineur isolé qui lui sera refusée. Cette rencontre change complètement la vie de l’adolescente et déclenche une remise en question radicale. 

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Récit d’apprentissage doublé par un autre fil narratif, l’enquête policière que Déa subit, cette histoire devient le manifeste d’une génération.

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9 nov. 2022
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Celle qui regarde le monde Texte et mise en scène et scénographie : Alexandra Badea

Eloquent, Profond, Emouvant.

Alexandra Badea née en Roumanie en 1980 sous la dictature de Ceaușescu, est autrice, metteuse en scène et réalisatrice engagée, ses écrits sont éloquents et poignants. En 2013, elle reçoit le Grand Prix de littérature dramatique du centre national du théâtre pour « Pulvérisé », pièce qui fut créé au TNS.
En 2018 « Point de non-retour », Alexandra Badea met au grand jour l’histoire sombre du colonialisme de notre pays que l’on préfère oublier. (Thiaroye, Quai de seine 17 octobre 1961, (Massacre de centaine d’algériens), Diagonale du vide (les enfants réunionnais déracinés 1962/1982).

« Celle qui regarde le monde », relate la rencontre de deux adolescents dans le nord de la France à Calais où les migrants ayant eu le droit d’asile refusé par notre gouvernement espèrent pouvoir un jour rejoindre l’Angleterre.
Alexandra Badea nous plonge en parallèle dans deux mondes, celui de la répression policière et celui de la découverte à l’adolescence des réalités de la vie, des questionnements et des révoltes.
Déa, jeune lycéenne rencontre à l’occasion d’une fête Enis jeune migrant fuyant son pays en guerre.
Déa est impressionnée et subjuguée par Enis, jeune garçon intelligent, courageux, combatif et philosophe.
« Il y a de tout dans la vie ; ceux qui ont tué mon pére… mais il y aussi Anna…qui se bat pour moi. »
« Les livres m’ont toujours accompagné dans ma vie…je me sens moins seul…de me plonger dans l’abime d’un autre »
Une grande amitié se crée entre eux, Déa est révoltée devant la découverte de ce monde.
« Pourquoi moi je peux voyager partout, allez à l’école, vivre, parler, aimer librement et pas un autre ? »
En voulant aider Enis, Déa va se confronter à un interrogatoire policier intransigeant, suspicieux invoquant les normes et les ordres du pouvoir actuel.
Déa se rebelle devant les incompréhensions de cette société.
« Peut-on encore rêver quelque part dans ce monde ? Y a-t-il encore des espaces réservés à l’espoir ? »
Déa pose un nouveau regard sur le monde, elle veut inventer un autre langage, trouver un autre chemin. Regarder le monde.
En rencontrant Enis, j’ai rencontré « la fille » qui a envie de découvrir le monde »
Nous sommes chavirés, bouleversés par ce texte rempli de vérités que nous refusons souvent d’entendre. Les mots s’envolent et viennent nous frapper en plein cœur, c’est poignant.

En fond de plateau un écran vidéo nous transporte dans une immense forêt, sur l’avant-scène éclairée dans la pénombre, une clairière jonchée de souches. Dans cet espace scénique, Déa danse et chante, un peu plus loin Enis lit assis tranquillement sur une souche d’arbre. Déa et Enis vont nous conter leur rencontre, leurs questionnements et l’acheminement de leur amitié profonde.
Par intermittence, en fond de plateau l’image de la forêt s’estompe et nous assistons à l’interrogatoire tendu de Déa par un adulte rigide et rude faisant partie de la gente policière.
C’est passionnant et éloquent d'avoir sous nos yeux ce fossé entre l’ordre établi avec ses absurdités inhumaines sans aucune compassion et cette amitié pleine de vérités, de générosité et de chaleur se créant entre Déa et Emis.
Alexandra Badeo n’a pas peur de nous secouer pour nous faire réagir et nous ouvrir les yeux.
Aujourd’hui, combien de jeunes gens ( de plus vieux) ayant fui leur pays en guerre sont dans une situation similaire et tragique ?

Lula Paris et Alexis Tieno nous émeuvent par la justesse de leurs jeux. Ils incarnent avec talent et profondeur Déa et Enis pleins de dynamisme et de vitalité et nous entrainent dans ce magnifique récit fourmillant de vérités.
Stéphane Facco incarne avec brio cet adulte scrutateur et mordant à l’écran.
Grand merci à Alexandra Badea d’avoir le cran de soulever les non-dits dont nous sommes peu fiers.
Comme Déa gardons espoir d’un monde plus humain et plus généreux.
Un moment de théâtre émouvant qui ne peut vous laisser indifférents.
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Notes détaillées (pour les plus courageux)
Texte
Jeu des acteurs
Emotions
Intérêt intellectuel
Mise en scène et décor