- Classique
- La Scala
- Paris 10ème
Bérénice, Bouquet
- Carole Bouquet
- La Scala
- 13, boulevard de Strasbourg
- 75010 Paris
- Strasbourg Saint-Denis (l.4, l.8, l.9)
Titus et Bérénice sont amoureux de longue date. Titus a même promis le mariage à sa reine de Palestine. Mais dès qu’il monte sur le trône, à la mort de son père Vespasien, Titus comprend que Rome n’acceptera jamais une reine étrangère pour régner à ses côtés. Il doit donc choisir entre amour et pouvoir et renonce à Bérénice. Antiochus, l’ami de Titus et amoureux en secret de Bérénice depuis longtemps, avoue son amour à la reine et décide de quitter Rome. Mais Titus lui demande de la soutenir et de l’accompagner, ce qui redonne un espoir vain à Antiochus.
Cette tragédie est une histoire d’amour sans issue. Nos deux protagonistes accepteront héroïquement de suivre leur destin sans se donner la mort.
Bérénice, sommet du théâtre classique français, exige des interprètes exceptionnels et un soin tout particulier de la mise en scène. Rencontre au sommet donc entre une actrice de premier rang, Carole Bouquet, et la metteuse en scène Muriel Mayette-Holtz, directrice du Théâtre national de Nice, pour servir le chef d'œuvre de Jean Racine.
Pour notre plus grand plaisir, Muriel Mayette-Holz sociétaire puis anciennement administratrice générale de la comédie française, actuellement directrice du CDN de Nice, met en scène Bérénice avec Carole Bouquet dans le rôle principal.
Toutes deux connaissent parfaitement cette tragédie amoureuse, Muriel Mayette Holtz pour l’avoir monté en 2011 à la Comédie Française et Carole Bouquet pour l’avoir jouée en 2008 avec Lambert Wilson.
Voir ou revoir Bérénice suscite toujours une grande émotion, c’est la tragédie de l’amour, un combat entre le cœur et la raison.
Bérénice, Reine de Palestine et Titus futur empereur de Rome, éprouvent un amour réciproque mais pour régner, Titus doit abandonner Bérénice.
« Rome, par une loi qui ne se peut changer,
N'admet avec son sang aucun sang étranger »
Muriel Mayette-Holz nous offre une version allégée des précisions historiques et donne par ce fait une grande ampleur à la profondeur et à la compréhension du texte. Les magnifiques vers de Racine viennent nous percuter en plein cœur. C’est bouleversant.
La scénographie de Rudy Sabounghi épurée et raffinée accroit les émotions et la puissance des mots.
Dans un décor contemporain, ‘une grande chambre aux murs nus, en fond de scène deux grandes fenêtres où les couleurs du jour et de la nuit se feront voir, un grand lit et quelques coussins en accessoire’.
C’est dans la sobriété et l’intimité de ces lieux que les aveux, les amours et les adieux de Bérénice, Titus et Antiochus nous émeuvent et nous chavirent.
La création musicale de Cyril Giroux est beaucoup plus qu’un accompagnement, c’est un énième personnage en symbiose avec les évènements et les sentiments qui parcours cette tragédie. C’est aérien et magique.
Muriel Mayette-Holz , nous offre, une mise en scène minutieusement orchestrée, les mouvements et les déplacements des comédiens sont rares et précis, nous ressentons la souffrance figée dans l’instant, la profondeur des sentiments et la musicalité des vers.
Longtemps les sublimes vers de Racine trotteront dans nos têtes
" Que le jour recommence et que le jour finisse Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice Sans que de tout le jour elle puisse voir Titus" Bérénice
"Ah Rome ! Ah Bérénice ! Ah prince malheureux ! Pourquoi suis-je empereur ? Pourquoi suis-je amoureux ? "Titus
Les comédiens Carole Bouquet, Frédéric de Goldfiem, Jacky Ido, Augustin Bouchacourt et Ève Pereur nous captivent et nous émeuvent par la justesse de leur jeu et leur talent.
Carole Bouquet irradie le plateau, elle incarne Bérénice rayonnante et amoureuse puis solennelle et olympienne dans sa souffrance, elle est bouleversante.
Frederic de Goldfiem interprète Titus avec adresse et grand talent. Pauvre Titus perdu entre l’Amour et le devoir.
Jacky Ido nous ravi dans le rôle d’Antiochus. Ami fidèle et malheureux amoureux.
Merci à tous pour ce grand moment de théâtre où les beaux vers de Racine semblent si contemporains et si prés de nous.
Pour résumer assez rapidement l'histoire, Titus va accéder au pouvoir suprême. Il a fait sonder les assemblées romaines concernant son mariage avec Bérénice, reine de Palestine. Elles s'y opposent fermement. Titus n'a pas le choix, même s'il aime passionnément Bérénice, il faut la chasser. Il charge son ami, Antiochus, roi de Commagène, de lui faire la commission. Mais l'homme est secrètement amoureux de la belle. Peut-être qu'elle pourrait alors se tourner vers lui? Bérénice est très contrarié de la situation. Elle refuse de rester proche de TItus qui ne veut plus l'épouser et même bilan pour l'autre. Ils iront se faire voir ailleurs si elle y est.
Rien de bien complexe dans cette tragédie. Alors se pose toujours la question quelle mise en scène faire, avec quel décor et quels costumes. Et rarement le choix se pose sur quelque chose se rapprochant des représentations d'époque. On sait que Muriel Mayette-Holtz aime la modernité comme elle l'a montré lorsqu'elle était à la tête de la Comédie Française. On ne s'étonne pas totalement avec cette chambre à la couleur pâle et ces deux grandes fenêtres. Très vite quand la représentation commence on reste stupéfait devant les jeux d'ombre et les variations de teintes. Les impressions de déjà vu se bouleversent comme si nous étions dans une innovation d'une autre époque, des références à des films policiers américains des années 60, les peintures de Turner voir même "Sin City" de Frank Miller ou des photos de Weegee. Cette fausse maîtrise de perfection se voit dans le détail de la moquette irrégulière avec les traces de pliage pour le rangement. Et surtout sur les tenues que portent Carole Bouquet. Pourquoi une telle actrice qui joue une reine porte une robe de secrétaire mal coupée? Et pourquoi doit-elle porter une nuisette en dentelle transparente où l'on voit son soutien gorge et une culotte gainante? Surtout que son pendant homme lui garde ses vêtements avec le détail de la cravate sur la lampe. Un choix esthétique surprenant par son inélégance.
Par chance, le talent des comédiens est là pour nous emporter de bout en bout. Carole Bouquet arrive avec beaucoup de pudeur et de sensibilité à incarner Bérénice. Une femme honnête et passionnée qui se fait rejeter car elle ne plaît pas au pouvoir. Elle insuffle une force incroyable car elle refuse d'être un vague objet de satisfaction pour ces messieurs. Une icône féministe avant l'heure avec son amour propre et la connaissance de sa valeur. Son rôle est mis en avant grâce à Titus incarné par Frédéric de Goldfiem. Droit, ferme et tendre à la fois, il est celui devant faire face au conflit entre pouvoir et passion. Celui qui sublime vraiment ce classique est Jacky Ido, Antiochus. On ne doute jamais de son exaltation, de son bouillonnement et de sa flamme. Son oeil brille de ce qui lui dévore le coeur jusqu'à en se jeter au sol. Il est rare de voir un amant éconduit aussi convaincant, vibrant et palpitant. Même si leur présence reste discrète Augustin Bouchacourt et Eve Perreur contribuent à ce moment de vie épique.
Une équipe mettant son énergie au service du théâtre.
Appartement simple, lumineux, un lit jonché de coussins. C’est le matin.
Antiochus entre, c’est un grand prince d’Orient, Titus a pu compter sur lui pour vaincre la Judée. Et comme Titus, Antiochus aime Bérénice. Il souffre pour elle, il fait tout pour elle, Bérénice le considère comme un ami, rien d’autre.
Bérénice, reine de Palestine a été ramenée à Rome par Titus, ils s’aiment depuis plusieurs années. Elle est amoureuse de l’homme, pas du prince, mais celui-ci vient de succéder à son père, et son devoir exige qu’il choisisse entre son amour et la raison d’Etat.
Voilà donc le sujet de cette tragédie, qui est peu jouée et c’est bien dommage, un beau texte pourtant.
Carole Bouquet apporte sa féminité et sa douceur à cette reine aimée mais rejetée, elle aura le courage d’affronter son destin.
Frédéric de Goldfiem est un Titus profond, malheureux, mais déterminé. Jacky Ido est tout en douleur, Augustin Bouchacourt et Eve Perreur sont les confidents discrets mais importants.