- Théâtre contemporain
- Café de la Danse
- 75011 Paris 11ème
Agatha

6,8/10
40%
- Café de la Danse
- 5 Passage Louis Philippe
- 75011 75011 Paris
- Bastille (L.1,L.5,L.8)
Itinéraire
Evénement plus programmé pour le moment
Achat de Tickets
La provocation est dans le monde.
Non seulement depuis, mais également bien avant Shakespeare, la force de l’amour et ses conséquences sont encore et toujours matière à histoires.
Prenons Agatha : Elle – Lui – L’amour – Ils sont frère et sœur – Le secret – L’inceste, alors la provocation…
Toutes les critiques
Des feuilles mortes jonchent le plancher fait de lattes plus ou moins disjointes.
Un canapé éventré au tissu élimé trône au centre du plateau tout en largeur.
Des lustres en pendeloques eux aussi sont tombés, projetant une lumière blafarde.
Les murs sont décrépis, quelques araignées conquérantes ont pris possession des lieux, si l'on en juge les toiles dans l'embrasure des portes du fond de scène.
La villa Agatha.
Une maison de villégiature familiale, plutôt délabrée, en bord de mer, achetée le jour même de la naissance du bébé éponyme.
Justement, elle entre en scène, Agatha. Elle a grandi.
C'est une belle jeune femme qui enlève ses chaussures et se met à l'aise.
Elle est rejointe par un homme.
Ils se connaissent, ils se vouvoient.
Elle lui annonce son départ définitif, il crie son refus, il hurle sa douleur et son désespoir.
Ils se tutoient. Un frère et une sœur.
On comprend très vite leur attachement réciproque, avec comme une impression ambigüe qui ne tarde pas à pointer.
Ils vont se raconter. Ils vont raconter leur histoire. Une histoire extra-ordinaire.
Ils vont raconter l'irracontable. Ce que l'on ne dit jamais.
Ce qui est toujours tu, dans les familles.
L'un des tabous ultimes de nos sociétés.
L'inceste.
Marguerite Duras connaît.
« J'ai eu des frères plus grands qui avaient le même désir de moi, comme j'ai eu le désir d'eux.
Et ce désir, il a vécu, il n'a jamais été poussé jusqu'au bout, mais il a été vécu », écrira-t-elle à la fin de sa vie.
Dans cette pièce, elle va nous décrire le processus qui a mené ces deux-là à la transgression, si transgression il y a...
Elle va nous décrire l'enfance, la montée du désir, la sensualité, les corps juvéniles qui se rapprochent, l'attirance-répulsion, l'inéluctabilité des sentiments, puis l'acte en lui-même.
Ensuite, le regard sur ce passage à l'acte et le jugement réciproque de ces amants pas comme les autres nous seront exposés.
Le metteur en scène Hans Peter Cloos dirige deux comédiens très investis, Alexandra Larangot (c'est son premier rôle au théâtre) et l'acteur autrichien Florian Carove.
Tous deux jouent une partition très difficile, faite de tensions en tous genres, de passions plus ou moins contenues, avec un érotisme omniprésent, sous-jacent, avec également une violence des pulsions amoureuses.
Les deux sont remarquables d'intensité, de rigueur, de justesse, avec des moments dramaturgiques très exigeants.
Il est manifeste que Cloos a énormément demandé à ses comédiens. Certaines scènes sont assez difficile à supporter. La scène du rasage m'a fait froid dans le dos...
La direction d'acteur est vraiment exigeante et intransigeante.
Ici, peu de compromis, les sentiments et les enjeux sont exposés dans leur nudité pleine.
L'acte en lui-même relève d'un symbolisme ne laissant planer aucun doute. (Je ne vous en dis pas plus.)
Le metteur en scène sait parfaitement utiliser les technologies « à la mode » sans pour autant tomber dans une dimension « gadget inutile » : la Go pro embarquée, les micros pour chuchoter, les projections video en fond de scène, sans oublier une musique itérative très réussie (que l'on doit à Mygmy Johnson).
Voici donc un spectacle intense dont on à peine à s'extraire, une fois le noir final tombé.
Un spectacle qui colle au texte de Duras, et qui ne peut laisser personne indifférent.
Une histoire d'amour pas comme les autres, rare, difficile, exigeante.
Mais une histoire d'amour tout de même.
Un canapé éventré au tissu élimé trône au centre du plateau tout en largeur.
Des lustres en pendeloques eux aussi sont tombés, projetant une lumière blafarde.
Les murs sont décrépis, quelques araignées conquérantes ont pris possession des lieux, si l'on en juge les toiles dans l'embrasure des portes du fond de scène.
La villa Agatha.
Une maison de villégiature familiale, plutôt délabrée, en bord de mer, achetée le jour même de la naissance du bébé éponyme.
Justement, elle entre en scène, Agatha. Elle a grandi.
C'est une belle jeune femme qui enlève ses chaussures et se met à l'aise.
Elle est rejointe par un homme.
Ils se connaissent, ils se vouvoient.
Elle lui annonce son départ définitif, il crie son refus, il hurle sa douleur et son désespoir.
Ils se tutoient. Un frère et une sœur.
On comprend très vite leur attachement réciproque, avec comme une impression ambigüe qui ne tarde pas à pointer.
Ils vont se raconter. Ils vont raconter leur histoire. Une histoire extra-ordinaire.
Ils vont raconter l'irracontable. Ce que l'on ne dit jamais.
Ce qui est toujours tu, dans les familles.
L'un des tabous ultimes de nos sociétés.
L'inceste.
Marguerite Duras connaît.
« J'ai eu des frères plus grands qui avaient le même désir de moi, comme j'ai eu le désir d'eux.
Et ce désir, il a vécu, il n'a jamais été poussé jusqu'au bout, mais il a été vécu », écrira-t-elle à la fin de sa vie.
Dans cette pièce, elle va nous décrire le processus qui a mené ces deux-là à la transgression, si transgression il y a...
Elle va nous décrire l'enfance, la montée du désir, la sensualité, les corps juvéniles qui se rapprochent, l'attirance-répulsion, l'inéluctabilité des sentiments, puis l'acte en lui-même.
Ensuite, le regard sur ce passage à l'acte et le jugement réciproque de ces amants pas comme les autres nous seront exposés.
Le metteur en scène Hans Peter Cloos dirige deux comédiens très investis, Alexandra Larangot (c'est son premier rôle au théâtre) et l'acteur autrichien Florian Carove.
Tous deux jouent une partition très difficile, faite de tensions en tous genres, de passions plus ou moins contenues, avec un érotisme omniprésent, sous-jacent, avec également une violence des pulsions amoureuses.
Les deux sont remarquables d'intensité, de rigueur, de justesse, avec des moments dramaturgiques très exigeants.
Il est manifeste que Cloos a énormément demandé à ses comédiens. Certaines scènes sont assez difficile à supporter. La scène du rasage m'a fait froid dans le dos...
La direction d'acteur est vraiment exigeante et intransigeante.
Ici, peu de compromis, les sentiments et les enjeux sont exposés dans leur nudité pleine.
L'acte en lui-même relève d'un symbolisme ne laissant planer aucun doute. (Je ne vous en dis pas plus.)
Le metteur en scène sait parfaitement utiliser les technologies « à la mode » sans pour autant tomber dans une dimension « gadget inutile » : la Go pro embarquée, les micros pour chuchoter, les projections video en fond de scène, sans oublier une musique itérative très réussie (que l'on doit à Mygmy Johnson).
Voici donc un spectacle intense dont on à peine à s'extraire, une fois le noir final tombé.
Un spectacle qui colle au texte de Duras, et qui ne peut laisser personne indifférent.
Une histoire d'amour pas comme les autres, rare, difficile, exigeante.
Mais une histoire d'amour tout de même.
J'ai trouvé la pièce difficile à digérer. Est ce le roman de Marguerite Duras ou l'adaptation de Cloos qui l'explique mais le ryhtme est lent.
La Go pro n'y change rien, chargeant la mise en scène. La pièce manque d'intensité, de liant. J'ai trouvé le temps long. La qualité de l'assisse du théâtre n'arrange rien à la chose surtout pendant 2h.
J'ai assisté à la 1ere. Certainement qu'au fur et à mesure des représentations, la pièce saura trouver son public.
La Go pro n'y change rien, chargeant la mise en scène. La pièce manque d'intensité, de liant. J'ai trouvé le temps long. La qualité de l'assisse du théâtre n'arrange rien à la chose surtout pendant 2h.
J'ai assisté à la 1ere. Certainement qu'au fur et à mesure des représentations, la pièce saura trouver son public.
Il vaut mieux aimer le style de Marguerite Duras pour venir voir Agatha. Néophyte s'abstenir.
C'est une histoire tout en silences et regards. L'attention navigue sur cette grande scène entre le canapé au centre, les micros, les deux portes ou les sièges sur le cotés, on lève la tête pour regarder différentes projections, on suit les images captées par une caméra de type Go Pro. Tout est positionné minutieusement positionné pour un usage précis.
Ça fait beaucoup de choses à regarder, presque trop mais il faut ça pour occuper les silences qui meublent ce type d'histoire. Car l'important dans cette pièce, c'est le silence et les regards des deux comédiens qui incarnent un frère et sa soeur dans une maison où ils passaient leur enfance. Qu'est ce qui est présent, qu'est ce qui est un souvenir de leur jeunesse ?
Alexandra Larangot se révèle comme une excellente comédienne et je lui prédis un grand avenir.
Florian Carove avec son accent autrichien ne démérite pas non plus.
C'est une histoire tout en silences et regards. L'attention navigue sur cette grande scène entre le canapé au centre, les micros, les deux portes ou les sièges sur le cotés, on lève la tête pour regarder différentes projections, on suit les images captées par une caméra de type Go Pro. Tout est positionné minutieusement positionné pour un usage précis.
Ça fait beaucoup de choses à regarder, presque trop mais il faut ça pour occuper les silences qui meublent ce type d'histoire. Car l'important dans cette pièce, c'est le silence et les regards des deux comédiens qui incarnent un frère et sa soeur dans une maison où ils passaient leur enfance. Qu'est ce qui est présent, qu'est ce qui est un souvenir de leur jeunesse ?
Alexandra Larangot se révèle comme une excellente comédienne et je lui prédis un grand avenir.
Florian Carove avec son accent autrichien ne démérite pas non plus.
Marguerite Duras, à qui seul un vent glacial en plein hiver sibérien soufflant par tornades puissantes aurait pu donner froid aux yeux, aborde avec cette pièce écrite en 1981, sans détour ni ambages mais avec sa langue lascive, bouillonnante de passion et crue jusqu’au cruel, l’inceste fraternel.
Sujet tabou ô combien dans nos civilisations lustrées (pour éviter la horde primitive et la confusion sociale disait Freud), l’inceste choisi, et ici l’inceste fraternel, reste confiné dans l'intimité des impressions et des interrogations personnelles ou dans les éclats des études sociales, psychologiques et philosophiques.
Une des représentations de notre imaginaire social les plus cachées mais contées, tues mais sous-entendues, brimées mais avouées. Drainant la fierté, le calcul ou la meurtrissure, cet amour interdit se dévoile, se découvre ou s’écoute avec les sensations particulières qui l’entourent autour de la pudeur, de la compassion, de la pitié-même tant il est certainement délicat voire difficile de ne pas se projeter pour comprendre.
Présente depuis les mythes la Grèce antique jusque dans les écrits fictionnels, en passant par les mythes et les « pseudos-mythes » d’aujourd’hui, cette relation fantasmée ou vécue parsème l’histoire de l’humanité en éclairant avec délicatesse ou rudesse les sentiments de ces amants fraternels.
Le Frère et la Sœur se retrouvent ce jour-là dans la villa familiale de leurs vacances, pour un dernier adieu. C’est une épreuve pour Elle comme pour Lui. C’est Elle qui a fait ce choix pour eux, même si Lui ne surmonte pas cette décision qui ne fait que renouer ses sentiments.
Les souvenirs affluent, les joies et les tristesses aussi. Ce dernier séjour dans la Villa Agatha sera comme on imagine qu’étaient leurs ébats amoureux, passionnés, intenses, violents et tendres. Ultimes jouissances d’être ensemble avant de ne plus se revoir. Les tractations que Lui tente dans ces derniers instants, chargés d’espoirs de renoncement, s’affrontent aux résolutions fermes et meurtries qu’Elle montre.
Que sera la fin du séjour ? Quelle fin trouvera leur amour ?
Le texte de Duras est magnifique de puissance passionnelle. L’intensité de l’intimité sensuelle frôle souvent les frontières de l’érotisme. Le temps est scandé par les mots, les silences, les regards. Les situations sont placées pour heurter l’ordre des choses, pour dire la franchise de cet amour, pour raconter avec les accents réels de la vie cette relation complexe et entière.
Magistralement mis en scène par Hans Peter Cloos, avec un soin détaillé et intrusif des situations et des répliques, AGATHA touche au cœur et au corps. Nous sommes pris par cette forme narrative dialoguée installée dans cette ambiance sombre, construite de telle sorte que nous pouvons voir se confondre comme pour mieux se renforcer, désirs, pensées, souvenirs et espérances.
Comme dans un poème onirique aux accents de tragédie grecque, Cloos semble vouloir nous provoquer en nous baignant ainsi dans un univers d’amour vibrant, transpercé de transgressions du tabou.
Provocation pour ne pas démontrer, pour que nous fassions nous-même notre propre chemin selon qui nous sommes, parmi les sensations, les questions et les images de double inversé qui ne peuvent nous échapper.
Tout semble mort dans cet univers. Sur le plateau, feuilles mortes déposées par le vent passé au travers de fenêtres brisées, chaises renversées, canapé percé, murs décatis. Des images projetées au mur au-dessus du décor nous suggèrent le passé pensé et les souvenirs qui ressurgissent, comme de vieux films de vacances. On voit deux enfants ensemble, proches.
Seuls Elle et Lui apportent de la vie. Leurs mouvements et leurs échanges, parfois filmés en vidéo en direct, sont toujours significatifs et leurs sentiments et ressentiments suggérés. Parmi ces moments, lesquels sont vraiment présents et lesquels sont des réminiscences de leur amour ?
Florian Carove et Alexandra Larangot montrent une splendide interprétation incarnée, sensible et vraie. Ils sont tous les deux étonnants de justesse et de sincérité. Mention particulière pour Alexandra Larangot dont ces premiers pas au théâtre se révèlent très réussis et plus que prometteurs.
Une pièce forte, une réalisation précise et suggestive, une interprétation brillante. Un très beau spectacle.
Sujet tabou ô combien dans nos civilisations lustrées (pour éviter la horde primitive et la confusion sociale disait Freud), l’inceste choisi, et ici l’inceste fraternel, reste confiné dans l'intimité des impressions et des interrogations personnelles ou dans les éclats des études sociales, psychologiques et philosophiques.
Une des représentations de notre imaginaire social les plus cachées mais contées, tues mais sous-entendues, brimées mais avouées. Drainant la fierté, le calcul ou la meurtrissure, cet amour interdit se dévoile, se découvre ou s’écoute avec les sensations particulières qui l’entourent autour de la pudeur, de la compassion, de la pitié-même tant il est certainement délicat voire difficile de ne pas se projeter pour comprendre.
Présente depuis les mythes la Grèce antique jusque dans les écrits fictionnels, en passant par les mythes et les « pseudos-mythes » d’aujourd’hui, cette relation fantasmée ou vécue parsème l’histoire de l’humanité en éclairant avec délicatesse ou rudesse les sentiments de ces amants fraternels.
Le Frère et la Sœur se retrouvent ce jour-là dans la villa familiale de leurs vacances, pour un dernier adieu. C’est une épreuve pour Elle comme pour Lui. C’est Elle qui a fait ce choix pour eux, même si Lui ne surmonte pas cette décision qui ne fait que renouer ses sentiments.
Les souvenirs affluent, les joies et les tristesses aussi. Ce dernier séjour dans la Villa Agatha sera comme on imagine qu’étaient leurs ébats amoureux, passionnés, intenses, violents et tendres. Ultimes jouissances d’être ensemble avant de ne plus se revoir. Les tractations que Lui tente dans ces derniers instants, chargés d’espoirs de renoncement, s’affrontent aux résolutions fermes et meurtries qu’Elle montre.
Que sera la fin du séjour ? Quelle fin trouvera leur amour ?
Le texte de Duras est magnifique de puissance passionnelle. L’intensité de l’intimité sensuelle frôle souvent les frontières de l’érotisme. Le temps est scandé par les mots, les silences, les regards. Les situations sont placées pour heurter l’ordre des choses, pour dire la franchise de cet amour, pour raconter avec les accents réels de la vie cette relation complexe et entière.
Magistralement mis en scène par Hans Peter Cloos, avec un soin détaillé et intrusif des situations et des répliques, AGATHA touche au cœur et au corps. Nous sommes pris par cette forme narrative dialoguée installée dans cette ambiance sombre, construite de telle sorte que nous pouvons voir se confondre comme pour mieux se renforcer, désirs, pensées, souvenirs et espérances.
Comme dans un poème onirique aux accents de tragédie grecque, Cloos semble vouloir nous provoquer en nous baignant ainsi dans un univers d’amour vibrant, transpercé de transgressions du tabou.
Provocation pour ne pas démontrer, pour que nous fassions nous-même notre propre chemin selon qui nous sommes, parmi les sensations, les questions et les images de double inversé qui ne peuvent nous échapper.
Tout semble mort dans cet univers. Sur le plateau, feuilles mortes déposées par le vent passé au travers de fenêtres brisées, chaises renversées, canapé percé, murs décatis. Des images projetées au mur au-dessus du décor nous suggèrent le passé pensé et les souvenirs qui ressurgissent, comme de vieux films de vacances. On voit deux enfants ensemble, proches.
Seuls Elle et Lui apportent de la vie. Leurs mouvements et leurs échanges, parfois filmés en vidéo en direct, sont toujours significatifs et leurs sentiments et ressentiments suggérés. Parmi ces moments, lesquels sont vraiment présents et lesquels sont des réminiscences de leur amour ?
Florian Carove et Alexandra Larangot montrent une splendide interprétation incarnée, sensible et vraie. Ils sont tous les deux étonnants de justesse et de sincérité. Mention particulière pour Alexandra Larangot dont ces premiers pas au théâtre se révèlent très réussis et plus que prometteurs.
Une pièce forte, une réalisation précise et suggestive, une interprétation brillante. Un très beau spectacle.
Dans le même genre
Les avis de la rédaction
Les pièces géniales