Critiques pour l'événement Notre innocence (Victoires)
A l'annonce de la dernière création de Wajdi Mouawad, je ne peux que courir. J'adore ses investigations sur la famille, sur les classiques. Je l'ai vu en France, à l'étranger.
Me voilà donc partie avec de bonnes dispositions.
Oeuvre collective, peu écrite, normal pour Mouawad.
Ca commence par ce groupe qui déclame pendant 40 minutes des idées jetées en pâture. Ca finit (pas trop tôt). Des gens se lèvent et sortent.
Deuxième partie, la jeunesse fait la fête. Le groupe apprend le suicide d'une camarade de promotion. Ils échangent sur les faits, le choc, le ressenti. Je ne suis pas touchée. Les discours sont assez banals, pas de fil tiré. Beaucoup de disputes, de gros mots et d'énervement gratuit.
Je craque, rideau pour moi. Je sors.
Je n'aime pas la critique négative mais je reste sans comprendre le choix de Mouawad pour cette promotion. Je n'ai rien vu d'exceptionnel. Je ne vois pas bien où est l'originalité, l'idée phare. C'est dommage de voir un spectacle qui parait vite ficelé après tous des oiseaux qui a été si fort. Dommage, rencontre ratée.
Me voilà donc partie avec de bonnes dispositions.
Oeuvre collective, peu écrite, normal pour Mouawad.
Ca commence par ce groupe qui déclame pendant 40 minutes des idées jetées en pâture. Ca finit (pas trop tôt). Des gens se lèvent et sortent.
Deuxième partie, la jeunesse fait la fête. Le groupe apprend le suicide d'une camarade de promotion. Ils échangent sur les faits, le choc, le ressenti. Je ne suis pas touchée. Les discours sont assez banals, pas de fil tiré. Beaucoup de disputes, de gros mots et d'énervement gratuit.
Je craque, rideau pour moi. Je sors.
Je n'aime pas la critique négative mais je reste sans comprendre le choix de Mouawad pour cette promotion. Je n'ai rien vu d'exceptionnel. Je ne vois pas bien où est l'originalité, l'idée phare. C'est dommage de voir un spectacle qui parait vite ficelé après tous des oiseaux qui a été si fort. Dommage, rencontre ratée.
Je ne sais pas par quoi commencer… Je ne sais pas… Je m’étais déjà posé la question pour un autre spectacle : comment énoncer mes remarques sans cela soit blessant ou gratuit ? En fait, je suis d’autant désappointé par Wajdi Mouawad que j’en attendais énormément après la merveille « Tous des oiseaux ». Déçu par l’écriture, la direction d’acteurs, les acteurs eux-mêmes… Comme s’ils avaient manqué de temps pour tout faire.
Pour les acteurs, j’ai un peu fait mes devoirs et je me suis aperçu que j’en avais déjà vu certains dans le spectacle « 60°Nord » au CNSAD en 2016 et que j’avais déjà été déçu par cette promotion que j’avais trouvé en grande partie fade (c’est très méchant ce que je viens d’écrire… Alors je ne sais pas, mais je me dis qu’à ce niveau-là, je ne dis pas qu’on doit trouver uniquement des bêtes de scène, mais en tout cas une qualité de jeu, des nuances que j’ai eu du mal à percevoir. Si je dois retenir certains visages, j’en citerai deux : Jade Fortineau et Etienne Lou. Ce dernier, peut-être aidé par le capital sympathie de son accent québécois et des mots qui vont avec, a su garder une fraîcheur et surtout un naturel dans son jeu. La scène autour de la table, dans laquelle on les voit réagir à la mort de Victoire est assez significative. Ils sont dix-huit et on voit dix-huit façons de montrer la tristesse. Ça crie, ça s’énerve, c’est articifiel : « Putain, c’est pas vrai » dit un des comédiens avec la mine renfrognée, les poings serrés qu’il gardera pendant tout le reste de la pièce jusqu’aux saluts. La question est : Pourquoi dix-huit comédiens, là où la moitié aurait permis à chacun de briller, de respirer et surtout d’avoir un vrai personnage à défendre, car c’est là où le bât blesse. (oui, je sais, c’est la promo d’un cours de théâtre, mais justement, on fait ce qu’on veut, si on veut qu’ils soient neuf, ben ils sont neuf !) Au début de la pièce, une des comédiennes explique comment elle aurait été embauchée par Wajdi Mouawad et que ce dernier l’aurait avertie qu’il n’aurait peut-être pas le temps de lui écrire un vrai rôle. Et c’est là le problème, pour la plupart, on voit des clichés de personnages. Et quand on tente d’inventer un background à ceux-ci, une origine étrangère, un conflit avec la disparue, on n’y croit pas et ça tombe comme un cheveu au milieu de la soupe.
Avant cela, il y a la fameuse scène de choeur (déjà vue ailleurs), impressionnante et maîtrisée mais dont le discours nous passe un peu au-dessus (la charge contre les aînés, la société de consommation…), une scène de danse (déjà vue au moins dans 1993 de Julien Gosselin), des comédiens qui se déshabillent (déjà vu), des chaises (déjà vu notamment dans la modeste et pas inintéressante « Parlons d’autre chose » de Léonore Confino). Après cela, l’apparition d’Alabama, la fille de Victoire la disparue, interprétée par une vraie petite fille, elle, hyper juste.
Pour conclure cette trop longue chronique, je suis très déçu et un peu colère, aussi par une écriture loin d’être convaincante (et j’ai toujours du mal avec les « tabarnak » et autres « osties » dits dans le choeur par des comédiens pratiquement tous français.)
Pour les acteurs, j’ai un peu fait mes devoirs et je me suis aperçu que j’en avais déjà vu certains dans le spectacle « 60°Nord » au CNSAD en 2016 et que j’avais déjà été déçu par cette promotion que j’avais trouvé en grande partie fade (c’est très méchant ce que je viens d’écrire… Alors je ne sais pas, mais je me dis qu’à ce niveau-là, je ne dis pas qu’on doit trouver uniquement des bêtes de scène, mais en tout cas une qualité de jeu, des nuances que j’ai eu du mal à percevoir. Si je dois retenir certains visages, j’en citerai deux : Jade Fortineau et Etienne Lou. Ce dernier, peut-être aidé par le capital sympathie de son accent québécois et des mots qui vont avec, a su garder une fraîcheur et surtout un naturel dans son jeu. La scène autour de la table, dans laquelle on les voit réagir à la mort de Victoire est assez significative. Ils sont dix-huit et on voit dix-huit façons de montrer la tristesse. Ça crie, ça s’énerve, c’est articifiel : « Putain, c’est pas vrai » dit un des comédiens avec la mine renfrognée, les poings serrés qu’il gardera pendant tout le reste de la pièce jusqu’aux saluts. La question est : Pourquoi dix-huit comédiens, là où la moitié aurait permis à chacun de briller, de respirer et surtout d’avoir un vrai personnage à défendre, car c’est là où le bât blesse. (oui, je sais, c’est la promo d’un cours de théâtre, mais justement, on fait ce qu’on veut, si on veut qu’ils soient neuf, ben ils sont neuf !) Au début de la pièce, une des comédiennes explique comment elle aurait été embauchée par Wajdi Mouawad et que ce dernier l’aurait avertie qu’il n’aurait peut-être pas le temps de lui écrire un vrai rôle. Et c’est là le problème, pour la plupart, on voit des clichés de personnages. Et quand on tente d’inventer un background à ceux-ci, une origine étrangère, un conflit avec la disparue, on n’y croit pas et ça tombe comme un cheveu au milieu de la soupe.
Avant cela, il y a la fameuse scène de choeur (déjà vue ailleurs), impressionnante et maîtrisée mais dont le discours nous passe un peu au-dessus (la charge contre les aînés, la société de consommation…), une scène de danse (déjà vue au moins dans 1993 de Julien Gosselin), des comédiens qui se déshabillent (déjà vu), des chaises (déjà vu notamment dans la modeste et pas inintéressante « Parlons d’autre chose » de Léonore Confino). Après cela, l’apparition d’Alabama, la fille de Victoire la disparue, interprétée par une vraie petite fille, elle, hyper juste.
Pour conclure cette trop longue chronique, je suis très déçu et un peu colère, aussi par une écriture loin d’être convaincante (et j’ai toujours du mal avec les « tabarnak » et autres « osties » dits dans le choeur par des comédiens pratiquement tous français.)
Je suis assez attristée par ce que j’ai vu. Cela ressemblait à une grande caricature de ce qu’on peut faire de pire dans le théâtre subventionné. Il y a des « trucs » de mise en scène que déjà j’ai du mal à supporter lorsqu’ils sont isolés – l’effet choral, les comédiens alignés qui s’avancent un à un pour occuper l’espace, les projections des titres en gros plan sur le décor – mais lorsqu’on me présente un condensé de tout cela je perds rapidement patience. Alors j’essaie de me raccrocher désespérément lorsqu’un nouveau tableau se présente, mais à chaque fois se représente cette désagréable impression que l’on se fiche de moi…
Il faut me comprendre. D’abord, le spectacle s’ouvre avec une longue tirade d’une jeune fille. J’avais vu passer des avis négatifs sur les comédiens, je ne suis pas d’accord, elle parvient à bien saisir l’attention. Cela part bien. Puis elle est rejointe par 17 autres comédiens qui se placent autour d’elle de sorte à former un choeur. Et pendant une demi-heure, ils vont déclamer ainsi leur texte. Je reconnais la prouesse technique d’un tel ensemble, car les comédiens sont parfaitement synchrones. Mais je passe complètement à côté de l’intérêt d’une telle forme…
Peut-être aussi parce que le fond me déplaît profondément. Peu à peu monte en moi une révolte face aux propos que j’entends. Ce que je vois manque d’authenticité : Mouawad pense parler pour la jeunesse, je l’entends parler pour lui-même. Ce qu’il dénonce me paraît pour beaucoup empli de cliché ; les combats qu’il mène ne sont pas les nôtres. Je ne me revendique pas de cette jeunesse-là. Au contraire. Cela sonne faux. Cela sonne vieux. Quant aux 10 minutes passées à déclamer « Je sais pas » sur tous les tons… Est-il vraiment nécessaire d’en parler ?
Une fois cette chorale close, les comédiens se changent à vue. Le sens d’un tel acte me manque. Mais passons. Commence alors l’histoire à proprement parler : les personnages sont confrontés à la mort d’une des leurs, Victoire, qui s’est défenestrée. On les verra essayer d’enregistrer la réalité impensable, et face à cette nouvelle se transformer, cracher ce qui est en eux et connaît soudainement un besoin irrépressible de sortir.
Autour de la table qui trône sur le plateau, les comédiens crient beaucoup. Des tirades pas très intéressantes, encore quelques clichés, des sujets qui s’ajoutent et dont on a peine à comprendre l’apparition soudaine. La direction d’acteur ne permet pas de faire entendre un propos qui s’étiole. Vous l’aurez compris : je n’ai pas réussi à entrer dans cette partie non plus. Mais le pire fut peut-être le dernier thème, où la prétendue fille de Victoire fait son apparition dans une scénographie qui rappelle beaucoup la Cendrillon de Pommerat. Sauf qu’ici, l’enfant semble se demander autant que nous ce qu’elle vient faire ici. Si le jeu du miroir était complet, on la verrait bientôt en train de regarder sa montre, dans l’espoir que les 2h15 annoncées ont été resserrées depuis la première. N’y comptez pas.
Il faut me comprendre. D’abord, le spectacle s’ouvre avec une longue tirade d’une jeune fille. J’avais vu passer des avis négatifs sur les comédiens, je ne suis pas d’accord, elle parvient à bien saisir l’attention. Cela part bien. Puis elle est rejointe par 17 autres comédiens qui se placent autour d’elle de sorte à former un choeur. Et pendant une demi-heure, ils vont déclamer ainsi leur texte. Je reconnais la prouesse technique d’un tel ensemble, car les comédiens sont parfaitement synchrones. Mais je passe complètement à côté de l’intérêt d’une telle forme…
Peut-être aussi parce que le fond me déplaît profondément. Peu à peu monte en moi une révolte face aux propos que j’entends. Ce que je vois manque d’authenticité : Mouawad pense parler pour la jeunesse, je l’entends parler pour lui-même. Ce qu’il dénonce me paraît pour beaucoup empli de cliché ; les combats qu’il mène ne sont pas les nôtres. Je ne me revendique pas de cette jeunesse-là. Au contraire. Cela sonne faux. Cela sonne vieux. Quant aux 10 minutes passées à déclamer « Je sais pas » sur tous les tons… Est-il vraiment nécessaire d’en parler ?
Une fois cette chorale close, les comédiens se changent à vue. Le sens d’un tel acte me manque. Mais passons. Commence alors l’histoire à proprement parler : les personnages sont confrontés à la mort d’une des leurs, Victoire, qui s’est défenestrée. On les verra essayer d’enregistrer la réalité impensable, et face à cette nouvelle se transformer, cracher ce qui est en eux et connaît soudainement un besoin irrépressible de sortir.
Autour de la table qui trône sur le plateau, les comédiens crient beaucoup. Des tirades pas très intéressantes, encore quelques clichés, des sujets qui s’ajoutent et dont on a peine à comprendre l’apparition soudaine. La direction d’acteur ne permet pas de faire entendre un propos qui s’étiole. Vous l’aurez compris : je n’ai pas réussi à entrer dans cette partie non plus. Mais le pire fut peut-être le dernier thème, où la prétendue fille de Victoire fait son apparition dans une scénographie qui rappelle beaucoup la Cendrillon de Pommerat. Sauf qu’ici, l’enfant semble se demander autant que nous ce qu’elle vient faire ici. Si le jeu du miroir était complet, on la verrait bientôt en train de regarder sa montre, dans l’espoir que les 2h15 annoncées ont été resserrées depuis la première. N’y comptez pas.
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