Critiques pour l'événement Liebestod
17 nov. 2022
4/10
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Après de nombreux ratés, je vais enfin voir Liebestod d'Angélica Liddell.
J'y vais même un peu inquiète en me demandant si j'arriverai à assimiler la dureté de la pièce. Je suis curieuse de voir sa création néanmoins.
Le ton est donné à l'Odéon. Avant le début du spectacle, on nous prévient que la scène des bébés dans les bras des pères a été interdite en île de France alors qu'elle a été autorisée en Avignon, à Barcelone etc...
On commence avec des scènes d'un esthétisme marqué et nous nous retrouvons dans le monde de la tauromachie. Référence à Juan Belmonte, torero, qui révolutionna le toreo et qui définit le combat entre une mort de l'un ou de l'autre et introduisit la spiritualité du toreo. On évoque sa légende de fin de vie. Amis des intellectuels de l'époque, la référence à Valle Inclán será forcément là pour le théâtre.
Et puis, allons y, on va écouter du flamenco. Et puis, ouf, on aura aussi droit à un paso doble.
On aura droit à une attaque au monde LGBT. La religiosité de sa création est bien sûr convoquée.
Réflexions sur son travail de création, critiques des acteurs. Même la génération Z y passera. Critique des théâtres et du public, parisien bien sûr (ha, ha, ha).
Le mythe de Tristan et Iseult est pris.
Ça fait un peu mille feuilles où j'ai eu la sensation qu'Angelica Liddell a fait la liste de tout ce qu'elle pourrait mettre pour provoquer comme une liste de courses.
La ficelle est grosse. On a l'impression d'une photographie de la société espagnole moderne et que tous les sujets qui font consensus aujourd'hui sont pris volontairement à contre-pied. Volonté de provoquer à tout prix, trop facile.
En tout cas, cette recherche permanente rend la pièce très inégale avec de grosses ficelles. Il y a vraiment des moments où je me suis demandée où était l'acte de création pendant de longues minutes. Il y a des moments très esthétiques au demeurant.
Je fais le constat que personnellement, cette volonté de provoquer m'a laissé plutôt indifférente et je me suis même amusée à faire la liste. Cela peut surprendre mais la pièce m'a laissé indifférente alors que normalement elle tranche le public entre pro et contre.
Dans la salle, ça sortait un peu tout au long mais sans grande évasion. Et puis aux applaudissements assez mous en réalité, on a vu les fan clubs rythmer les saluts.
Mais dans le fond, pas de grande fracture dans le public.