Critiques pour l'événement La Rivière
C'est dans une salle au 2/3 vide que je m’installe, enthousiaste, dans cette jolie salle de la Comédie des Champs Élysées, à quelques minutes du lever de rideau.
Sur scène on aperçoit une partie du décor derrière un rideau bleuté du plus bel effet. Derrière ce rideau une femme (Clara HUET), élégante, est assise sur un rocking-chair en train de lire pendant que les spectateurs s’installent. Elle y restera jusqu’au début de la pièce où elle se lèvera, sans un mot, pour venir s’installer… dans le public. Énigmatique début ! Oui mais voila, très vite LA RIVIÈRE nous perd dans ses eaux troubles et c’est déconcerté, consterné et passablement agacé que l’on ressort de cette partie de pêche avortée.
Un homme (Nicolas BRIANCON) emmène sa nouvelle petite amie (Emma DE CAUNES) pour une partie de pêche (à la truite, c’est important) dans une cabane de pêcheur isolée. Mais la jeune femme disparaît et alors qu’il se décide à appeler la police elle réapparaît… sous les traits d’une autre femme (Anne CHARIER)…
Un beau mystère en perspective, parfaitement orchestré par une scénographie léchée qui permet de créer une atmosphère angoissante. Ce qui frappe d’entrée c’est le très joli décor, immense, authentique. J’ai rarement vu décor aussi majestueux et esthétique (mention spéciale à Jacques GABEL), à tel point que je me serai vraiment cru en pleine forêt dans une cabane de pêcheur. Cette ambiance mystérieuse est rehaussée à l’aide d’effets lumineux, visuels (type vidéoprojections) et sonores bien sentis (la musique de Christophe JULIEN est magnigique). De ce point de vue on a clairement affaire à une production de qualité !
Mais cette scénographie réussie ne sert finalement qu’à compenser un texte d’un ennui abyssal. Si le pari est gagné sur la forme, je ne suis pas loin de penser qu’avec LA RIVIÈRE on est à deux doigts de toucher le fond. Je n’ai rien compris. L’homme revit-il la mort de son amour de jeunesse au travers ses échecs amoureux successifs ? S’est-elle noyée ? Que l’homme nous cache-t-il ? Assistons-nous à deux histoires de rupture en parallèle? Où l’auteur JEZ BUTTHERWORTH veut-il en venir ? Quel est le message ? Y-en-a-t-il seulement un ? Suis-je trop con pour comprendre ? A vouloir cérébraliser son propos l’auteur m’a perdu. D’autant que l’intrigue n’avance pas (d’ailleurs il n’y en a pas vraiment), ne résout strictement rien et que les dialogues ne nous aident pas à comprendre puisqu’ils sont d’une platitude sans nom (pour preuve un – trop – long monologue de 7-8 minutes sur la truite d’eau de mer, je vous laisse imaginer le supplice). J’ai donc décroché à plusieurs reprises, d’autant que la musique est si douce par moment qu’on s’autorise à piquer du nez. Ça devait être une pièce sur l’amour (du moins c’est comme ça qu’elle a été vendue lors de la promo) mais on se retrouve avec une pièce sur la pêche à la truite (d’eau de mer), soporifique et indigeste.
Il faut néanmoins saluer la très belle prestation de Nicolas BRIANCON qui tente tant bien que mal à donner vie à un texte creux et qui porte la pièce sur ses épaules. Emma DE CAUNES joue sobrement (tristement ?) sans faire des étincelles et si Anne CHARRIER amène plus d’énergie à son personnage n’en demeure pas moins qu’elle ne m’a pas convaincue non plus. Quant au personnage de Clara HUET, autant être honnête, il ne sert à rien. A titre informatif il faut savoir que la pièce a eu un succès important à Broadway avec Hugh JACKMAN dans le rôle principal… Ça me laisse perplexe et je m’interroge : ou l’adaptation française de Jérémie LIPPMANN est complètement ratée ou c’est une fraude intellectuelle théâtrale de type affaire Dussaert… Toujours est-il que j’étais parti pour me baigner dans la rivière, que j’y ai trempé l’orteil mais que ses eaux m’ont tellement refroidi que je suis reparti dépité avec ma serviette. Impossible pour moi de me détendre sur les berges de cette rivière insipide.
Sur scène on aperçoit une partie du décor derrière un rideau bleuté du plus bel effet. Derrière ce rideau une femme (Clara HUET), élégante, est assise sur un rocking-chair en train de lire pendant que les spectateurs s’installent. Elle y restera jusqu’au début de la pièce où elle se lèvera, sans un mot, pour venir s’installer… dans le public. Énigmatique début ! Oui mais voila, très vite LA RIVIÈRE nous perd dans ses eaux troubles et c’est déconcerté, consterné et passablement agacé que l’on ressort de cette partie de pêche avortée.
Un homme (Nicolas BRIANCON) emmène sa nouvelle petite amie (Emma DE CAUNES) pour une partie de pêche (à la truite, c’est important) dans une cabane de pêcheur isolée. Mais la jeune femme disparaît et alors qu’il se décide à appeler la police elle réapparaît… sous les traits d’une autre femme (Anne CHARIER)…
Un beau mystère en perspective, parfaitement orchestré par une scénographie léchée qui permet de créer une atmosphère angoissante. Ce qui frappe d’entrée c’est le très joli décor, immense, authentique. J’ai rarement vu décor aussi majestueux et esthétique (mention spéciale à Jacques GABEL), à tel point que je me serai vraiment cru en pleine forêt dans une cabane de pêcheur. Cette ambiance mystérieuse est rehaussée à l’aide d’effets lumineux, visuels (type vidéoprojections) et sonores bien sentis (la musique de Christophe JULIEN est magnigique). De ce point de vue on a clairement affaire à une production de qualité !
Mais cette scénographie réussie ne sert finalement qu’à compenser un texte d’un ennui abyssal. Si le pari est gagné sur la forme, je ne suis pas loin de penser qu’avec LA RIVIÈRE on est à deux doigts de toucher le fond. Je n’ai rien compris. L’homme revit-il la mort de son amour de jeunesse au travers ses échecs amoureux successifs ? S’est-elle noyée ? Que l’homme nous cache-t-il ? Assistons-nous à deux histoires de rupture en parallèle? Où l’auteur JEZ BUTTHERWORTH veut-il en venir ? Quel est le message ? Y-en-a-t-il seulement un ? Suis-je trop con pour comprendre ? A vouloir cérébraliser son propos l’auteur m’a perdu. D’autant que l’intrigue n’avance pas (d’ailleurs il n’y en a pas vraiment), ne résout strictement rien et que les dialogues ne nous aident pas à comprendre puisqu’ils sont d’une platitude sans nom (pour preuve un – trop – long monologue de 7-8 minutes sur la truite d’eau de mer, je vous laisse imaginer le supplice). J’ai donc décroché à plusieurs reprises, d’autant que la musique est si douce par moment qu’on s’autorise à piquer du nez. Ça devait être une pièce sur l’amour (du moins c’est comme ça qu’elle a été vendue lors de la promo) mais on se retrouve avec une pièce sur la pêche à la truite (d’eau de mer), soporifique et indigeste.
Il faut néanmoins saluer la très belle prestation de Nicolas BRIANCON qui tente tant bien que mal à donner vie à un texte creux et qui porte la pièce sur ses épaules. Emma DE CAUNES joue sobrement (tristement ?) sans faire des étincelles et si Anne CHARRIER amène plus d’énergie à son personnage n’en demeure pas moins qu’elle ne m’a pas convaincue non plus. Quant au personnage de Clara HUET, autant être honnête, il ne sert à rien. A titre informatif il faut savoir que la pièce a eu un succès important à Broadway avec Hugh JACKMAN dans le rôle principal… Ça me laisse perplexe et je m’interroge : ou l’adaptation française de Jérémie LIPPMANN est complètement ratée ou c’est une fraude intellectuelle théâtrale de type affaire Dussaert… Toujours est-il que j’étais parti pour me baigner dans la rivière, que j’y ai trempé l’orteil mais que ses eaux m’ont tellement refroidi que je suis reparti dépité avec ma serviette. Impossible pour moi de me détendre sur les berges de cette rivière insipide.
Bon, pour commencer, je ne comprends vraiment pas ces éloges... On n'a pas du voir la même pièce. C'est gênant et indigeste. (apparemment la VO est top... J'ai du mal à y croire mais bon.)
Les coups de foudre ne s’expliquent pas. Conquis à New-York par La Rivière, Jérémie Lippmann a cru dénicher la perle rare. Pas de chance, ce thriller aquatique signé Jez Butterworth est un coup d’épée dans l’eau. Sous ses allures vaporeuses et nocturnes de conte fantastique, le spectacle s’embourbe dans les eaux fangeuses d’un imbruglio incompréhensible. Le pauvre Nicolas Briançon sort les rames pour sauver la pièce du naufrage, sans y parvenir. La Comédie des Champ-Élysées boit la tasse.
Une jeune femme admire le soleil couchant un soir d’été aux côtés de son amant, un pêcheur bourru. Le couple discute truites, se taquine, avant de succomber aux étreintes charnelles. Profitant d’une nuit sans lune, ils partent à la chasse du fameux poisson mais la maîtresse disparaît mystérieusement. L’homme se dépêche d’appeler la police mais la femme réapparaît. Sauf que ce n’est plus la même…
Naufrage théâtral
Avec La Rivière, on ne sait jamais dans quelles eaux nager. Vers quelles rives Jez Butterworth veut-il nous embarquer ? Un Dom Juan en plein marécage ? Un polar aux temporalités perturbées ? Une réflexion philosophique sur l’art de pêcher la truite ? On ne vient sûrement pas au théâtre pour assister en direct à un lecture de « Chasse et Pêche » ; l’intrigue est aussi fine qu’un fil de pêche. Il n’y a rien à jouer dans ce texte. L’histoire du trauma originel (lié à la mort de son premier amour, noyé) impossible à surmonter et obligeant le pêcheur-séducteur à revivre sans cesse la même relation aurait pu être séduisante à creuser. Seulement, l’entrechoquement du passé et du présent ne marche pas et l’impression d’une redite remonte cruellement à la surface.
Pour tenter de combler le néant abyssal de la pièce, Jérémie Lippmann se paye un décor monumental et réaliste : le travail de Jacques Gabel est remarquable de précision, on se croirait réellement dans une cabane en bois typique. Pour une fois, la vidéo ne fait pas trop tâche, elle crée en surimpression une atmosphère un brin inquiétante et onirique. Cependant, la combinaison des deux surcharge le plateau et entraîne un sentiment d’étouffement.
Les trois comédiens se démènent comme ils peuvent dans cette boue informe : l’assurance virile et troublante de Nicolas Briançon apporte un soupçon de suspense ; Anne Charrier est impeccable dans le rôle de la revenante délurée et fragile ; Emma de Caunes enfin, se montre trop apprêtée pour convaincre.
En somme, la pêche aura été maigre. Plutôt que d’aller dégoter des pièces sans intérêt de l’autre côté de l’Atlantique, Jérémie Lippmann aurait pu continuer dans le sillage de son excellente Vénus à la fourrure. On sort consternés du théâtre, et même l’envie de se préparer une bonne truite n’est guère alléchante…
Les coups de foudre ne s’expliquent pas. Conquis à New-York par La Rivière, Jérémie Lippmann a cru dénicher la perle rare. Pas de chance, ce thriller aquatique signé Jez Butterworth est un coup d’épée dans l’eau. Sous ses allures vaporeuses et nocturnes de conte fantastique, le spectacle s’embourbe dans les eaux fangeuses d’un imbruglio incompréhensible. Le pauvre Nicolas Briançon sort les rames pour sauver la pièce du naufrage, sans y parvenir. La Comédie des Champ-Élysées boit la tasse.
Une jeune femme admire le soleil couchant un soir d’été aux côtés de son amant, un pêcheur bourru. Le couple discute truites, se taquine, avant de succomber aux étreintes charnelles. Profitant d’une nuit sans lune, ils partent à la chasse du fameux poisson mais la maîtresse disparaît mystérieusement. L’homme se dépêche d’appeler la police mais la femme réapparaît. Sauf que ce n’est plus la même…
Naufrage théâtral
Avec La Rivière, on ne sait jamais dans quelles eaux nager. Vers quelles rives Jez Butterworth veut-il nous embarquer ? Un Dom Juan en plein marécage ? Un polar aux temporalités perturbées ? Une réflexion philosophique sur l’art de pêcher la truite ? On ne vient sûrement pas au théâtre pour assister en direct à un lecture de « Chasse et Pêche » ; l’intrigue est aussi fine qu’un fil de pêche. Il n’y a rien à jouer dans ce texte. L’histoire du trauma originel (lié à la mort de son premier amour, noyé) impossible à surmonter et obligeant le pêcheur-séducteur à revivre sans cesse la même relation aurait pu être séduisante à creuser. Seulement, l’entrechoquement du passé et du présent ne marche pas et l’impression d’une redite remonte cruellement à la surface.
Pour tenter de combler le néant abyssal de la pièce, Jérémie Lippmann se paye un décor monumental et réaliste : le travail de Jacques Gabel est remarquable de précision, on se croirait réellement dans une cabane en bois typique. Pour une fois, la vidéo ne fait pas trop tâche, elle crée en surimpression une atmosphère un brin inquiétante et onirique. Cependant, la combinaison des deux surcharge le plateau et entraîne un sentiment d’étouffement.
Les trois comédiens se démènent comme ils peuvent dans cette boue informe : l’assurance virile et troublante de Nicolas Briançon apporte un soupçon de suspense ; Anne Charrier est impeccable dans le rôle de la revenante délurée et fragile ; Emma de Caunes enfin, se montre trop apprêtée pour convaincre.
En somme, la pêche aura été maigre. Plutôt que d’aller dégoter des pièces sans intérêt de l’autre côté de l’Atlantique, Jérémie Lippmann aurait pu continuer dans le sillage de son excellente Vénus à la fourrure. On sort consternés du théâtre, et même l’envie de se préparer une bonne truite n’est guère alléchante…
Dans le même genre
Les avis de la rédaction