Critiques pour l'événement Compromis, Michel Leeb, Pierre Arditi
1 avr. 2019
6/10
20
Pierre Arditi et Michel Leeb réunis sur les planches. L’affiche a de quoi attirer. D’ailleurs, elle attire au regard de la foule de spectateurs se pressant aux portes du théâtre des Nouveautés. Bon présage ? Peut-être, mais attention, une salle comble n’est pas forcément synonyme d’un spectacle de qualité.

Pour le coup, « Compromis » fait naître un sentiment en demi-teinte.

Du côté de ce qui enchante : les comédiens.
Pierre Arditi, magistral, est un vrai plaisir à écouter. Ses seules intonations font naître une pléiade de sentiments.
Michel Leeb, maintenant. On aurait pu craindre que l’humoriste ne prenne le pas sur l’acteur et par conséquent n’en fasse un peu trop pour faire rire le public. Eh bien, non. Sobre et juste, son rôle lui va comme un gant.
Stéphane Pezerat vient enfin s’immiscer au milieu de ce célèbre duo. Ces grands noms auraient pu lui faire de l’ombre, mais là aussi ce n’est pas le cas. Il parvient aisément à se faire une place, remarquée et remarquable.

Il est plaisant de constater que l’on n’assiste pas au jeu de trois comédiens ne se préoccupant que de leur propre partition, mais au contraire d’un vrai trio jouant de concert.

Du côté de ce qui laisse sur sa faim : l’histoire.
A mes yeux, elle manque d’intérêt. Cela discute beaucoup et de tout : la politique, la société, l’amitié, l’amour, la réussite … Mais au final, l’histoire ne semble devenir qu’un prétexte pour mettre en scène ces comédiens.

« Compromis » est une pièce intéressante pour les joutes verbales opposant Pierre Arditi, Michel Leeb et Stéphane Pezerat. Mais, juste pour cela.
20 janv. 2019
7,5/10
24
Salle comble. Le rideau se lève sur deux vieux artistes sur le retour, échangeant des poncifs lénifiants sur les lendemains qui chantent, le vécu, l’amitié. Trente minutes de dualogues faisant naître parfois un sourire au visage du public.

Apparaît le dindon, la victime, l’auguste. Et la pièce décolle subitement, en un rythme effréné. Les coups d’aiguille bien ajustés de Stéphane Pezerat permettent aux deux tôliers Pierre Arditi et Michel Leeb de lâcher leur art de la scène. Le jeune comédien est un catalyseur d’intrigue. Cette fois le public rit franchement, parfois jaune au propos d’humour noir du texte. Des envolées lyriques aux petites phrases assassines, des vieilles rancœurs à la plus vile mesquinerie, les deux crocodiles s’écharpent avec bonheur sur le dos de leur cible innocente. Innocente ? Pas le moins du monde. Duval est coupable. Coupable de sublimer une histoire, coupable d’être à cette place, entre les deux. Ou plutôt responsable. Responsable d’être entre les deux, responsable de cette belle montée en neige de ces deux œufs pondus de la veille. Ou l’avant-veille.

Un jeune comédien a pensé un jour « A nous deux, Paris ! ». Ce soir, en quittant le théâtre, il m’a semblé entendre le pavé parisien murmurer « A nous deux, Pezerat… »
19 janv. 2019
7/10
17
Bien évidemment il est compliqué de noter une pièce sur sa première. Les rouages ne sont pas sont vissés, les dialogues manquent parfois de fluidité, les placements rarement naturels.

La mise en scène n'est pas finie ou manque de travail au niveau du texte et des comédiens.
Mais malgré cela grâce à deux monstres de scène et un texte intelligent cette pièce tient ses promesses.
L'envie me gagne de retourner la voir d'ici quelques semaines pour profiter des ajustements.

On assiste à la confrontation psychologique et rhétorique d'un comédien de seconde zone et d'un auteur sur la touche, deux amis de longue date, deux briscards attachants, qui se retrouvent pour vendre l'appartement de l'un à un 3e personnage type M. Duval, le dindon.
Convictions, orgueil, valeurs, chacun mettra l'autre face à ses contradictions.
Celui-ci assiste au déferlement de rancoeur et de reproches que s'adressent les deux compères. Spectateur de ce règlement de compte il en oubliera ce pourquoi il est venu.
Les vieilles canailles finiront-ils par se rabibocher ou l'amitié finira-t-elle sur l'autel de la vente de l'appartement ?

Sauf à reculer à cause du prix des places, d'une acoustique limite, de l'inconfort ou du manque de visibilité dès le 8è rang... je vous conseille.