Critiques pour l'événement Le Complexe de Dieu
20 févr. 2022
7/10
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Jean-Luc Voyeux dans une mise en scène simple et efficace nous confronte au témoignage d'un jeune homme face à son destin.

Matthias, issu d'un adultère de sa mère avec le père François et abusé pendant 2 ans par le père Gabriel ne peut pas avoir une vie tranquille. "Se faire culbuter par un curé c'est héréditaire". Il repousse sans cesse des limites jusqu'à ce qu'ils disent ce qu'il a vécu allant même porter plainte. La construction du texte mêle présent/passé, jouant avec les circonstances comme la répétition de la scène où Tartuffe tente dévoile de la belle Elmire. "Ah! pour être dévot, je n'en suis pas moins homme". Un parallèle judicieusement qui montre que cette question de l'intégrité des curés n'est pas récente. Le texte appuie vraiment sur le jeu psychologique qui se met en place entre flatterie et perversion : "tu pourras progresser avec moi", "dis donc tu sens bon", "il faut entretien le plaisir", "profite de moi"... Des paroles du prêtes pleines de double sens qui ont de quoi troubler et donner envie de vomir. Comment ne créer ainsi une culpabilité chez la personne abusée? 

Cette ingéniosité de présentation est poussé également dans le travail de lumière de Florian Guerbe comme dans la scène du tribunal où chaque comédien se met dans la lueur pour témoigner. Un jeu subtile qui permet de nous plonger au mieux du psychisme du personnage centrale. Ce dernier est tenu par Olivier Troyon qui joue en alternance avec Théo Dusoulié. Ils y mettent passion et fougue pour tenir le spectateur qui ne peut qu'être touché de tant de cruauté et de malhonnêteté. "Tu subis un tsunami d'émotions". Lucille Bobet ou Léonie Duédal, Anne-Cécile Crapie ou Béatrice Vincent, Jean-Marc Coudert ou Jean-Luc Voyeux chacun joue leur rôle pour mieux nous immerger dans ce récit qui pousse autant à la colère qu'à la tristesse. Comment tolérer la pression sexuel d'un religieux censé incarné une droiture qui ne devrait jamais être remise en cause. Encore une fois cela illustre que l'on préfère culpabilisé la victime et non le bourreau. On dénonce celui qui ose dire. Car ce qui n'est pas montré au grand jour n'existe pas. Faire un chèque en toute discrétion n'est pas résoudre un problème endémique et éthique. Cette claque pleine d'espoir rappelle le film "Spotlight", inspiré d'un fait réel, où des journalistes veulent dénoncer les abus dans l'église qui a subi beaucoup de pression pour garder l'omerta.